Derrière la place Marcel Carné, un centre commercial toujours à l’abandon…

Le 8 janvier au matin, la population était invitée à une "balade urbaine" dans le cadre d’une concertation lancée par la municipalité pour l’aménagement de la place Marcel Carné. Une trentaine de personnes étaient présentes, dont un bon tiers d’élu-e-s, plusieurs fonctionnaires municipaux et un architecte.

La balade était conduite par une personne de l’agence de communication NDBD. En introduction, il nous a été une nouvelle fois rappelé "la chance historique de la ville d’avoir été retenue pour ce programme Action Cœur de Ville" et la première phase (dite action mature n°1) réalisée avec les aménagements de la rue Berlioz et des places Püttlingen et Berlioz.

Pour ce qui est de la phase 2, autour de la place Marcel Carné, l’essentiel du dossier est déjà bouclé.

- La réhabilitation du foyer au 19 rue Berlioz, à côté de la médiathèque, va être engagée par le bailleur 1001 Vies Habitat.

- La restructuration de la résidence Carné-Milhaud (2-4 place Marcel Carné, 1-3 place Berlioz et 2-4 allée Massenet) va être lancée par le bailleur Plurial Novilia. A travers une modification complaisante du PLU (Conseil municipal du 13 décembre 2021) 20 logements vont être détruits et 40 reconstruits dans un nouvel ensemble en forme de U, avec très peu de places de stationnement.

- La majorité du Conseil municipal a déjà voté, en septembre 2021, une convention de mandat de maîtrise d’ouvrage avec la Société Publique Locale (SPL) des Territoires de l’Essonne pour cette action mature n°2. La convention précise le cadre de l’opération : "requalifier l’ensemble des espaces extérieurs de la place Marcel Carné et de ses abords, désenclaver le cœur de quartier par la création d’un nouvel axe piéton Nord/Sud, améliorer le cadre de vie et l’accessibilité aux équipements publics et aux commerces, sécuriser les cheminements piétons et pacifier les usages, réorganiser l’offre de stationnement et retrouver une domanialité claire et lisible entre les espaces publics et privés".

L’enveloppe prévisionnelle des travaux est estimée à 3 829 200 € TTC en coût travaux, auquel s’ajoute un budget d’études techniques estimé à 404 004 € TTC soit un total de 4 233 204 € TTC (hors frais divers et honoraires mandat). Le calendrier prévisionnel de cette action mature n°2 prévoit une réception des travaux pour le premier trimestre 2023. Le coût forfaitaire du mandat que doit payer la ville à la SPL s’élève à 102 390 € TTC.

Très concrètement, il a déjà été décidé de démolir le bâtiment en triangle donnant accès au centre commercial par le niveau bas et de construire une passerelle piétonne pour aller de la médiathèque au parking du niveau haut de Géant. Cependant, comme la convention de mandat indique explicitement (article 4 page 11/32) que "la collectivité n’est pas encore propriétaire des terrains", on peut s’interroger sur les conclusions des négociations en cours avec la Société Foncière Paris Languedoc (Deromédi).

La concertation avec les habitants est donc réduite à l’aménagement de la nouvelle place Carné ainsi délimitée. La municipalité donne un nouveau rendez-vous le samedi 12 février 2022, de 9h à 12h, au Centre Culturel Baschet pour "un atelier de co-construction avec les habitants qui pourront échanger, réfléchir et proposer des alternatives aux points qui pourront être modifiés dans la programmation des travaux (verdissement, équipements publics, etc.)". Puis une troisième réunion est annoncée au printemps 2022 "pour présenter les projets retenus et les soumettre au vote et à l’approbation des habitants".

Et le centre commercial, où en est-on ?

Aux questions légitimes des habitants présents sur le devenir du centre commercial, les nombreuses boutiques fermées, le bâtiment qui se dégrade, Sophie Rigault et son adjointe chargée du dossier, Mme Mosnat, ont une nouvelle fois répondu avec les mêmes éléments de langage. Deux arguments approximatifs et méprisant reviennent sans cesse :

- "C’est la faute de l’ancienne municipalité de gauche qui n’a pas déposé en 2006 de dossier auprès de l’ANRU" (Agence nationale de rénovation urbaine). S’il y a bien eu un manque à ce niveau-là, (c’est d’ailleurs l’un des désaccords de fond que j’ai, avec d’autres, clairement exprimé lors des élections municipales de 2008), l’obtention d’un dispositif ANRU n’aurait pas changé grand-chose dans les problématiques juridiques, stratégiques et commerciales qui gangrènent le fonctionnement de la copropriété gestionnaire du centre commercial.

- "Le dossier du centre commercial est complexe". Si ce dossier est effectivement compliqué, il est grand temps de trouver un chemin pour avancer et d’agir en conséquence en toute transparence. Depuis 2008, la municipalité de droite siège au sein de la copropriété. Mise à part quelques abstentions prudentes de l’ancien maire, la ville de Saint-Michel a voté toutes les résolutions et a approuvé tous les comptes. Ce qui se traduit, en particulier, par le paiement par la ville (à travers nos impôts) de plus de 3 millions d’€ de charges depuis 13 ans !

Il convient aussi de rappeler qu’à travers ses deux précédents mandats, la municipalité a surtout financé des études sans beaucoup de résultats.

- Lors du Conseil municipal du 18 mai 2009, le maire de l’époque (Bernard Zunino) avait été autorisé à signer une "convention régionale de renouvellement urbain". Le plan pour les années 2009/2012 avait même été présenté lors d'une réunion publique le 23 juin 2009. Il s'articulait autour de quatre axes : "Réaménagement des espaces privés et publics, redynamisation des commerces et des services publics, agir pour la sécurité, aménagement concerté dans différentes résidences".

- Le 1er juillet 2009, le maire inaugurait dans l'un des locaux vides, la permanence de la société "Stratégie sites et commerces" mandatée pour commercialiser le centre commercial ». Selon le journal Le Républicain du 9 juillet 2009 cette société avait procédé en avril 2009 à "une expertise afin de définir les types de clientèle ainsi que leurs attentes".

- A travers un nouvel article du Républicain en date du 9 décembre 2009, le maire lançait l'opération "deuxième commerce" en présence du directeur délégué au développement des territoires de la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Essonne. Puis le local accueillant cette permanence a discrètement été fermé au printemps 2010…

- Lors du Conseil municipal du 29 juin 2015 une délibération autorisait le maire à signer une convention avec l’Établissement Public National d’Aménagement et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux (EPARECA) pour mener deux études : une étude commerciale (14 400 € HT) pour mesurer le marché potentiel et préciser le nombre et la nature des activités pouvant s’inscrire dans un projet d’ensemble et une expertise juridique et foncière (31 252,50 € HT) afin de chiffrer les coûts de maîtrise foncière.

- Lors du Conseil municipal du 4 avril 2016 nous avons découvert dans la présentation du compte administratif 2015 le paiement d’une étude pour 19 857 €. Après de multiples questions sur le devenir de cette étude, le maire dans un courrier daté du 26 juin 2016 nous indiquait que la restitution n'avait toujours pas été effectuée auprès des copropriétaires et commerçants concernés et qu’il existait une clause de confidentialité imposée par la Caisse des Dépôts et de Consignation.

- A travers une décision modificative au BP 2017 lors du Conseil municipal du 29 septembre 2016, nous avons relevé une augmentation de 148 000 € de la ligne "études" pour le financement de deux nouvelles études : "une étude commerciale pour établir un diagnostic du tissu commercial et du marché potentiel et déterminer une programmation commerciale adaptée" et "une étude juridique et foncière pour analyser la structure juridique de la copropriété et définir un budget prévisionnel du coût de la maîtrise foncière". Lors du Conseil municipal du 12 décembre 2016 nous avons donc délibérer sur le cofinancement de ces nouvelles études (notifiée le 22 décembre 2016 au groupe d’architecture Ellipse / Intencité / Urbatec / CMB 35, pour un montant de 167 940 € TTC). Avec les subventions de 30 000 € de la Caisse des Dépôts et de 50 000 € pour l'Etablissement Public Foncier d’Ile-de-France, la ville a payé 87 000 € alors que rien n'a été demandé aux deux principaux copropriétaires (l'immobilière Casino et à la Société Foncière Paris Languedoc). Là encore, aucun document ne nous a été transmis !

- Enfin, le 14 novembre 2019 la majorité du Conseil municipal a voté une délibération autorisant le maire à signer un autre mandat d’étude sur le projet de redynamisation du centre commercial Grand Bois avec la SPL des Territoires de l’Essonne pour une rémunération de 78 750 euros HT. Ainsi, la SPL s’est vue confier une nouvelle mission sur 12 mois pour "1/ sélectionner les différents titulaires chargés de réaliser les études pré-opérationnelles, 2/ coordonner les différents intervenants, tout en anticipant d'éventuels changements de cap, 3/ appréhender les enjeux et éventuels arbitrages induits par l'analyse bilancielle de l'opération".

Deux après, nous ne disposons d’aucune information sur le déroulement de cette mission et surtout ses conclusions. La municipalité met de nouveau en avant la complexité du dossier et… les conséquences du COVID qui ont modifié "les habitudes de consommation". Comme si on commençait à préparer les esprits à une disparition inéluctable de la galerie marchande…

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