Malgré une communication intense sur les réseaux sociaux, une invitation insérée dans chaque numéro du journal Saint-Michel-ma-Ville, de nombreuses affiches et calicots, je n’ai jamais vu aussi peu de Saint-Michellois aux vœux de la municipalité samedi dernier.
J’ai connu des vœux avec beaucoup plus d’habitants lorsque ceux-ci se déroulaient à la salle des Mares-Yvon ou au gymnase du COSEC. Certes, la salle du centre culturel Baschet était convenablement remplie, mais elle est beaucoup plus petite. En fait j’ai vu surtout beaucoup d’élu-e-s des communes environnantes, des militants du parti LR du département plus les personnes qui accompagnaient la Présidente du Conseil Régional et le Président du Conseil départemental.
D’ailleurs, après les interventions toujours pertinentes et rafraîchissantes des membres du Conseil des enfants, la cérémonie des vœux a pris l’allure d’un meeting LR à la seule gloire de Madame le Maire. A part répéter déjà tout ce qu’il nous avait dit l’année dernière pour vanter les importants mérites, la jeunesse et la ténacité du maire, l’intervention du Président du Conseil départemental ne nous a guère appris de choses importantes pour la ville, si ce n’est sa disponibilité pour financer divers projets en instance…
La Présidente du Conseil régional, Valérie Pécresse, de son côté nous a gratifié d’un discours assez surprenant, très décalé et souvent ennuyeux. Au-delà d'une tonalité très politicienne, un peu déplacé lors de tels moments de convivialité républicaine, nous avons constaté une certaine distance et une méconnaissance du terrain. Sans doute peu habituée à prendre le RER, elle a d'abord précautionneusement cité les lignes B, C et D, ayant visiblement du mal à situer celle desservant notre ville. Puis elle a proposé au maire d'intervenir pour installer aux abords de notre gare un espace Véligo (emplacements vélos dans un abri fermé) ... alors que celui-ci est déjà en service, rue Anatole France. Enfin, elle a mis en avant la décision de la Région de décerner le label "Patrimoine d'intérêt régional" au Hall de Villagexpo construit par Jean Prouvé. Grand silence dans l'assistance, puisque la municipalité de son côté a décidé de rompre le bail avec la copropriété (pour un coût de 800 000 € sur le budget de la ville) et de ne plus prendre en charge l'entretien et le fonctionnement de cet équipement !
Que retenir du discours du maire ?
Sur le fond, il est bien difficile de cerner le vrai du faux, tant la langue de bois est habillement pratiquée et de nombreux sujets soigneusement évités (budget, logements vacants, collecte des déchets...)
Une fois de plus Sophie Rigault s’en est prise aux élus des majorités précédentes, alors qu’elle est en responsabilité avec Bernard Zunino depuis maintenant 11 ans. Ça laisse quand même un peu de temps pour reprendre les choses en main, plutôt que de rabâcher des critiques pour une bonne part approximatives et inexactes. Il y a 5 ans, la municipalité annonçait le lancement éminent de travaux d’aménagement aux abords de la gare RER. Aujourd’hui, le maire nous indique que ce dossier est « difficile », « qu’une esquisse se précise » et que les choses « avancent » !
Depuis bientôt un an, le plan « action cœur de ville » pour le quartier du Bois des Roches est présenté comme « une chance sans précédent pour Saint-Michel ». Le maire n’avait visiblement rien d’autre à préciser. Elle nous assène que le dossier est « complexe » (nous l’avons toujours dit !) et se contente d’évoquer de nouvelles études en cours. Pourtant des travaux de voirie pour plus de 2 millions d’€ sont annoncés aux abords du centre commercial sans que l’on ait la moindre information sur le devenir de celui-ci. La concertation prévue sur ces aménagements, place Püttlingen et rue Berlioz, est sans cesse reportée. Le maire a imploré le représentant de l’Etat, car aucun plan de financement n’est acté !
Nous avons eu droit à une série de petites annonces jetées pêle-mêle sans que l’amorce d’un contenu ait été discuté au sein des instances municipales. Visiblement certains de nos collègues de la majorité découvraient aussi le projet de création d’une police municipale, d’une mutuelle communale et d’achats groupés de bois et de fioul pour les habitants. Le tout mélangé avec un habillage politicien sur la crise actuelle des Gilets jaunes, les 30 ans du centre social, les actions de solidarités, le manque de médecins, la participation des habitants et le nouvel engagement bien insuffisant sur l’environnement. Notons quand même une petite évolution positive à travers un hommage aux fonctionnaires et agents communaux et l’affirmation de services publics humanisés, bien loin de ce qu’elle défendait il y a un peu plus d’un an en soutenant M.Fillon.
Puis il y a eu ce petit couplet plein de sous-entendus sur les réseaux sociaux, menaçant pour ceux qui « les utilisent à de fin électorales » de répondre aux « petits clics par une grande claque »
Sur la forme, Sophie Rigault n’a aucun complexe pour se complimenter elle-même. Donc là encore, Saint-Michelloises et Saint-Michellois, écoutez bien, au cas où vous ne vous en seriez pas aperçus. Le maire se proclame elle-même « déterminée », « tenace » et « énergique ». Le contraire serait effectivement catastrophique ! Et en conclusion, après avoir prononcé le mot « JE » de nombreuses fois, elle a osé une citation empruntée à Régis Debray : « retrouver le sens et la force du nous au pays morcelé du moi je ». Pour ma part, je dirai simplement que pour sortir du « moi je », il faut faire vivre un NOUS sincère, attentif, démocratique et collégial !