
Macron est responsable de la dette et du désordre !
Dans une semaine, sauf énorme revirement, notre pays n’aura plus de Premier ministre. Pour la suite, difficile de faire un pronostic sur ce qui va se produire au niveau institutionnel (nouveau gouvernement, élection législative ou présidentielle, référendum…).
Aucune hypothèse ne peut être écartée, tant le Président Macron est à la fois imprévisible et inconséquent. Une seule certitude, les Français sont mécontents, beaucoup sont très en colère…
François Bayrou n’avait rien à faire à Matignon. Pas plus que Michel Barnier avant lui. Tous deux venaient d’une minorité politique et sociale, imposés à la tête du gouvernement par celui qui confond la Cinquième République avec un jeu de chaises musicales qui n’aurait qu’une chaise, celle du président. Ce qui se joue aujourd’hui n’est donc pas une surprise.
Les mines dépitées des Premiers ministres qui se succèdent depuis une dizaine d’années ne bernent plus les Français. Nous savons bien que les responsables du chaos budgétaire sont ceux qui gouvernent au service des plus riches et des actionnaires. Les 1 000 milliards de dette supplémentaires sont le résultat de la politique d’Emmanuel Macron, qui a distribué plus de 207 milliards d’euros de cadeaux fiscaux depuis 2017, et gaspille plus de 200 milliards d’euros par an en aides aux grandes entreprises sans contreparties sociales ou environnementales.
Plutôt que de puiser dans les poches de celles et ceux qui se gavent, François Bayrou a préféré déclarer une guerre sociale sans précédent, en plein été, à la majorité des Français : 44 milliards "d’économies" sur leur santé, leur temps de repos, l’éducation de leurs enfants, leurs pensions de retraite, leurs allocations chômage, l’aide au logement pour les étudiants…etc.
François Bayrou n’écoute rien et ne sait faire qu’une chose : dramatiser la dette. Il s’y accroche comme à une bouée pour mieux éviter la question centrale : pourquoi s’obstiner dans une cure d’austérité dont l’expérience a démontré son inefficacité et qui suscite un rejet profond ? Son incapacité à penser hors de ce cadre est précisément ce qui le conduit à l’impasse.
Le blocage ne vient pas de l’Assemblée nationale, mais bien de l’obstination d’Emmanuel Macron. L’an dernier, avec la même composition parlementaire, un budget avait été débattu pendant des semaines, de nombreuses mesures adoptées, la dette considérablement réduite – sous la barre des 3%. L’audace autant que les mesures furent jugées insupportables par le gouvernement Barnier… qui y laissa sa peau. Bayrou comme Barnier persiste dans le cadre fixé par la Macronie : pas touche à la politique de l’offre, pro-business.
Résultat : aujourd’hui, toute la gauche s’apprête à faire tomber le gouvernement. Le RN a annoncé qu’il voterait contre la confiance. La messe est dite. Reste à écrire la suite.
L’appel à "tout bloquer le 10 septembre" prend une autre saveur.
Je ne sais pas comment la chute annoncée du gouvernement Bayrou va peser dans les mobilisations élargies à l’intersyndicale le 18 septembre. La rue peut faire irruption ou bien s’éteindre avant même d’avoir pesé. Personne ne possède l’alchimie d’un mouvement social, encore moins d’un grand mouvement populaire.
Si l’extrême droite a au début tenté d’infiltrer le mouvement, les comptes rendus des assemblées citoyennes qui s’organisent localement reprennent les revendications de justice sociale et fiscale, de défense des services publics. Ce sont désormais des revendications portées par la gauche de rupture qui se sont imposées.
Dégager Macron ne peut être le seul mot d’ordre, il faut qualifier le monde par lequel nous voulons remplacer sa politique. Il faut exiger plus de justice sociale et plus de justice écologique : vivre dignement de son travail, pouvoir se loger décemment, se nourrir convenablement, bloquer les prix de l’énergie, engager la bifurcation écologique en favorisant les transports en commun, en défendant l’agriculture paysanne face à l’agrobusiness et sa loi Duplomb, allouer plus de moyens à nos hôpitaux et écoles. C’est aux riches, aux multinationales de payer l’addition.
Voilà où nous en sommes : un gouvernement qui ne gouverne pas, un président qui parie sur la crise et un peuple qui se détourne toujours plus d’institutions incapables de représenter ses aspirations. Quand ceux d’en haut ne peuvent plus et ceux d’en bas ne veulent plus…
La perspective d’une mobilisation massive le 10 septembre, le 18 septembre, et le Hara Kiri de Bayrou le 8 septembre renforce la crise de régime. Mais la menace est forte dans le contexte international que l’extrême droite profite de la crise. Dans ce contexte, la gauche doit parvenir à incarner l’indispensable débouché politique aux forces sociales qui expriment et organisent la colère.