20 ans après le NON référendum de 2005 : consolider l’Union Populaire !

Vingt ans après le NON des Français au Traité constitutionnel européen le 29 mai 2005, l’histoire a donné raison à ceux qui ont défendu la rupture avec la construction libérale de l’Europe.

Derrière les belles paroles des élites "de droite ET de gauche" (déjà !) se cachait en fait l’austérité budgétaire, le libre-échange, la toute-puissance de la Banque centrale, la soumission à l’OTAN… Tous ces aspects ont montré leur incapacité à faire face aux crises financières, géopolitiques, sanitaires et écologiques, qui demeurent encore.

Les gouvernements libéraux ont même dû mettre parfois entre parenthèses leurs dogmes, notamment face au Covid. Mais les fanatiques de la Commission européenne et leurs relais veulent persévérer avec cette boussole, "quoi qu’il en coûte" économiquement, socialement, écologiquement, démocratiquement. Dans un contexte structurel de changement climatique, de désindustrialisation, d’impérialisme douanier des Etats-Unis, de concurrence déloyale chinoise, de sécurité collective européenne mise à mal par la guerre de Poutine en Ukraine, la poursuite du libéralisme d’avant n’est plus possible.

Le monde qu’il nous faut construire ne peut avoir d’autre fondement que l’exigence populaire exprimée dans les urnes du 29 mai 2005. Ce jour-là, 55% des Français votaient NON à l’Europe libérale de soumission aux marchés, avec une très forte participation de 70%, au terme d’un débat intense. Le NON l’emportait dans 84 départements sur 100.

Le champ politique reste profondément structuré par l’onde de choc de 2005. Au bout de vingt ans de manœuvres et fausses alternances, le camp du OUI est à bout de souffle. L’effondrement du PS en 2017, de l’UMP en 2022, du macronisme depuis, confirme le rétrécissement continu de cette base libérale, élitiste et européiste. Si en s’affichant ensemble à la une de Paris Match à l’époque, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont été élus, ils ont précipité leurs partis dans la débâcle, avec a fusion UMPS dans le macronisme. A l’inverse, les forces politiques en dynamique sur ces vingt dernières années, en particulier à gauche à travers le Front de Gauche puis la France insoumise, mais aussi le RN, sont directement liées au NON populaire et indépendant.

La forfaiture de la ratification du Traité de Lisbonne par voie parlementaire en 2008 aura donné le départ d’une série de coups de force pour imposer aux peuples les choix qu’ils refusaient. La liste est éloquente : référendums contournés ou piétinés en France, Pays-Bas, Irlande, Grèce ; recours à l’article 49-3 de la Constitution en France pour imposer la privatisation d’EDF-GDF, la loi El Khomri, les budgets austéritaires ou la retraite à 64 ans ; criminalisation des Gilets jaunes et des mouvements sociaux et écologistes; les accusations d'antisémitisme face à ceux qui dénonce le génocide à Gaza et réclame la reconnaissance de l'Etat Palestinien... 2005 a été la genèse de ce néolibéralisme autoritaire. La brutalité du refus d’Emmanuel Macron de respecter le résultat des élections législatives de 2024 en écartant le Nouveau Front Populaire de la formation du gouvernement n’est que la suite logique de toute cette idéologie.

Pourtant, l’aspiration à la souveraineté n’a fait que se renforcer depuis 2005.

- Souveraineté populaire face à la monarchie présidentielle et aux diktats européens comme l’a par exemple exprimé l’exigence du référendum d’initiative citoyenne.

- Souveraineté industrielle et agricole pour produire ce dont le pays a un besoin impérieux contrairement aux pénuries subies, à la concurrence déloyale, aux délocalisations.

- Souveraineté sociale des salariés face à la toute-puissance des actionnaires et aux licenciements boursiers ou pour reprendre les entreprises en coopératives comme les Fralib ou les Duralex.

- Souveraineté en matière de défense pour une politique non-alignée face à Trump et Poutine.

- Souveraineté énergétique et numérique pour ne plus dépendre des énergies fossiles importées au prix de soumissions géopolitiques ni du féodalisme numérique des GAFAM.

- Souveraineté par la planification et l’adaptation pour faire face aux incertitudes d’un climat déréglé.

- Souveraineté sur soi-même par la constitutionnalisation du droit à l’avortement ou l’exigence du droit à mourir dans la dignité.

Pour l’Union Populaire

Vingt ans après, les leçons de 2005 sont toujours valables. Il n’y aura pas de rupture économique et sociale sans refondation démocratique, sans reprise du pouvoir par les citoyens à travers une VIe République. Il n’y aura pas de reconstruction des services publics ou de l’industrie, de bifurcation écologique sans protectionnisme, sans mise en cause du mythe de la "concurrence libre et non faussée", du libre-échange, de l’austérité budgétaire et de l’indépendance de la Banque centrale européenne. Il n’y aura pas de voix européenne pour la paix sans sortie de la soumission à l’OTAN. 

Dans nombre de pays, c’est l’extrême droite nationaliste qui joue sur l’ambiguïté, mélangeant un discours hypocrite prétendant défendre la souveraineté pour mieux servir de force d’appoint ou de remplacement aux oligarchies néolibérales affaiblies, en reprenant ses grandes réformes. Elle divise les intérêts populaires par le poison du racisme pour empêcher les résistances et dissimule ainsi son projet libéral derrière un vernis identitaire. L’extrême droite n’est pas la défenseure de la souveraineté du peuple, mais de la confiscation de celle-ci pour la détourner au service de l’oligarchie.

Pour éviter en France ce basculement à l’extrême droite, la gauche doit porter haut ce qui a fait sa force en 2005, la défense de la souveraineté populaire au service d’un projet égalitaire et émancipateur.

Une autre leçon de 2005, pleine d’espoir, est qu’il est possible de gagner à gauche contre la sainte alliance des médias dominants, de l’oligarchie qui les possède, et des forces politiques qui défendent ses intérêts. Bien sûr, en 2005, les chaines d’information en continu et les réseaux sociaux n’existaient pas. Mais le matraquage médiatique pour le OUI et pour insulter les partisans du "NON de gauche" en les assimilant au FN a été mis en échec. C’est par un discours clair, un autre projet de société autour de la souveraineté et de la dignité, centré sur la défense de toutes les classes populaires et de l’identité républicaine de la France face à la mondialisation libérale que le "NON de gauche" a emporté la conviction et la victoire. C’est l’Union Populaire et citoyenne avec une multitude de comités locaux rassemblant partis, syndicats, associations et citoyens engagés autour du NON et mêlant le meilleur de toutes les cultures de la gauche de rupture qui a permis la victoire. C’est ce chemin, lucide et rigoureux, qu’il faut continuer à suivre !

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