Géant Casino est fermé : point sur les responsabilités et le gouffre financier du centre commercial

Très mal géré et acculé par une dette de plus de 6 milliards d’euros, le groupe Casino n’a pas (à ce jour) trouvé de repreneur pour l’Hypermarché de Saint-Michel.

Après plusieurs mois d’incertitudes, celui-ci vient donc de fermer ce lundi 30 septembre 2024. "L’offre sérieuse d’un repreneur potentiel", confusément évoquée le 10 septembre sur la page Facebook de madame Rigault, va peut-être se concrétiser. Mais cet arrangement (les élus de droite évoquent la Société Foncière Paris Languedoc avec l'enseigne Super U) restera à la fois partiel et fragile tant que la situation catastrophique de la copropriété du centre commercial et la dégradation de la galerie marchande ne seront pas assainies.

Madame Rigault tout en indiquant qu’elle allait se battre pour qu’un repreneur arrive, précise, en même temps, qu’elle n’a pas "de pouvoir officiel sur les négociations" entre des entreprises commerciales privées. Et quand elle est interpellée sur l’état de délabrement de la galerie marchande, elle rejette la responsabilité sur les anciens élus, au motif que les décisions prises en 1997 pour la transformation du centre commercial ont généré des contentieux juridiques, qui sont toujours en cours.

Cet historique est exact. Mais la droite, qui dirige la ville depuis mars 2008 (déjà plus de 16 ans !), n’a pas fait grand chose pour sortir de cette situation financièrement catastrophique, juridiquement complexe et commercialement indigne.

Depuis plus de 20 ans, j’interviens chaque année au Conseil municipal lors de l’examen du compte administratif de la ville pour alerter sur les montants exorbitants des charges payées par la ville et l’agglomération au sein de la copropriété Grand Bois (plus de 4 millions d’€ en 15 ans, soit en moyenne près de 300 000 € par an). L’ancien maire, M. Zunino, indiquait lors du Conseil municipal du 7 avril 2015 qu’il n’était "pas complètement convaincu que la ville soit obligée de payer tout cela". Pourtant les impôts des Saint-Michellois continuent de payer, malgré une gestion opaque et des décisions contestables au sein de cette copropriété dirigée par l’Immobilière Casino (51% des tantièmes) à travers de 3 sociétés (SAS DHOKKO, SAS PRAXIDICE, SAS IGC), avec les votes conformes de la Société Foncière Paris Languedoc - SFPL (qui a détenue jusqu’à 20% des tantièmes) et la ville (qui en détient aujourd’hui environ 10%). Depuis 15 ans, le syndic SUDECO (filiale de Casino) fait la loi avec des ventes forcées, sans indemnités, pour certains lots de petits copropriétaires spoliés, avec d’un autre côté des enrichissements colossaux, comme lors des achats par la ville des locaux vacants pour construire la médiathèque (675 000 € en 2012 / 420 000 € dans les poches de la SFPL et 255 000 € dans les poches de Casino) et tout dernièrement pour le projet d’aménagement de la place Marcel Carné (1,1 M€ dans les poches de la SFPL).

Notons également que les deux initiatives de Madame Rigault concernant les locaux commerciaux sont assez affligeantes :

- L’ex Boulangerie Desjardins.

Achat des murs par la ville pour 80 000 € (Conseil municipal du 15/12 2020). Puis une ordonnance du Tribunal de Commerce d’Evry le 16 mars 2021 prononce la liquidation de la société de la famille Desjardins et permet l’acquisition du fonds de commerce par un nouvel exploitant pour 71 250 € + environ 15 000 € de frais et taxes diverses. Celui-ci reprend le bail conclu le 1er octobre 2014, pour 9 ans, mais la mairie maintient des conditions financières exorbitantes (loyer annuel de 45 000 € + « environ 50 000 € de charges locatives », soit près de 8 000 € par mois). Le nouveau propriétaire du fonds de commerce a cessé son activité au printemps 2022. Il doit encore 90 857,59 € de loyer à la ville…

- Fermeture du café Berlioz en juin 2024

Le Conseil municipal doit délibérer en novembre sur un protocole avec les anciens gérants pour une indemnisation de 125 000 € (120 000 € pour l’achat du matériel et le fonds de commerce + 5 000 € pour la Licence IV). Ceux-ci, qui souhaitaient cesser leur activité, fin 2014, avaient trouvé un repreneur. La ville, propriétaire des murs, a refusé qu'un nouveau bail soit conclu, conduisant ainsi à la fermeture de ce lieux de convivialité important dans le quartier. Le local est donc vide et pour l’instant madame le maire n’a semble-t-il pas de projet pour sa destination !

N'en déplaise à madame Rigault, avec mon groupe politique, nous avons toujours été constant est cohérent au sujet des charges et du fonctionnement de la copropriété Grand Bois :

- En plaidant tout au long du mandat 2001/2008, avec mon collègue Arnold Stassinet, alors vice-président de l’Agglo du Val d’Orge, pour que celle-ci acquiert les parts de la ville dans le cadre de ses compétences en matière économique et puisse ainsi réguler sur l’ensemble du territoire un équilibre commercial entre les différents supermarchés et les zones d’activités économiques.

- En demandant un audit sur la gestion de la copropriété, la communication des comptes rendus des assemblées générales et des comptes.

- En proposant d’arrêter de payer les charges et ainsi d’obliger la copropriété à se restructurer. A défaut, il appartenait à l’État, l’agglomération et la ville de substituer à la copropriété défaillante un nouveau cadre juridique d’intérêt public. 

Mis à part Madame le maire, chacun voit bien que l’état de délabrement du centre commercial et les déficits qui se sont aggravés au sein de la copropriété sont les principales causes des difficultés pour trouver un repreneur pour l’hypermarché Casino de Saint-Michel.

Madame Rigault met par ailleurs en avant son action dans le cadre du dispositif Action Cœur de Ville. Notons tout d’abord, qu’avant celui-ci, la municipalité, dont elle était première adjointe, a beaucoup "patauger" et dépenser à fonds perdus :

- 2008 : étude Daquin sur un projet d’orientation à 15 ans (pas suivi)

- Conseil municipal du 18 mai 2009 : délibération sur une convention régionale de renouvellement urbain et prêt de locaux pour la société « stratégie sites et commerces », chargée de relancer la commercialisation… pas de suite !

- À partir de 2015, intervention de l’EPARECA (Etablissement Public national d’Aménagement et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux) et du cabinet d’urbanisme ELLIPSE.

De 2015 à 2019, la ville a dépensé plus de 320 000 € en études pour la revitalisation du Bois des Roches. Voici le détail des sommes relevées dans les différents comptes administratifs de la ville :

CA 2015 / APARECA : 19 857 €

CA 2016 / APARECA : 47 460 €

CA 2017 / Études urbaines Grand Bois : 127 080 €

CA 2018 / Redynamisation du centre commercial : 82 830 € + Étude de domanialité : 10 000 €

CA 2019 / Diagnostic territorial Action Cœur de Ville : 29 520 € + Étude topographique Bois des Roches : 4 716 €

Le pilotage du programme du dispositif Action Cœur de Ville a été confié à la Société Publique Locale (SPL) des Territoires de l’Essonne

En novembre 2018, la majorité municipale a voté l’adhésion de la ville à la SPL des Territoires de l’Essonne (achat de 500 actions à 10€). Le Conseil départemental de l’Essonne est l’actionnaire majoritaire de cette société. Sans mise en concurrence, madame le Maire, également vice-présidente du Conseil départemental, a signé plusieurs conventions avec cette société. En voici le détail :

1- En décembre 2018, une convention de mandat était passée avec la SPL (rémunération : 69 240€ TTC) pour le réaménagement de la rue Berlioz et des places Püttlingen et Berlioz. Les travaux initialement estimés à 2,5 M€, auront dépassé les 3 millions, sans que nous puissions disposer d’un compte-rendu du mandat donné à la SPL.

2- En novembre 2019, la ville signait une autre convention de 12 mois avec la SPL, concernant la redynamisation du centre commercial Grand Bois (rémunération : 94 500 € TTC). En octobre 2020, le maire signait un avenant de prolongation fixant la fin du contrat au 11 décembre 2021 (rémunération supplémentaire de 7 800 €).

Aucun élément sur le travail effectué, le contenu et les résultats de diverses études complémentaires évaluées "à plus de 200 000€ HT". La collaboration avec la SPL sur ce volet a été stoppée depuis trois ans !

3- En septembre 2021, la ville a confié un 3e mandat à la SPL pour le réaménagement de la place Marcel Carné. Enveloppe prévisionnelle des travaux : 3 829 200 € TTC + études techniques estimés à 404 004 € TTC. Le mandat était prévu pour s’achever en mars 2023.  Un avenant a été signé par le maire le 19 juillet 2023 avec une date d’achèvement de la mission au 19 janvier 2025 et une réception des travaux fixée en octobre 2024 !

Dans ce dernier document nous avons relevé :

- Honoraires de la maîtrise d’œuvre : 45 496,80 € TTC

- Montant des études fixé à 332 254, 80 € TTC

- Honoraires du mandataire Territoire de l’Essonne passe de 102 390 € à 123 030 € TTC

- et une actualisation du total travaux + études : 4 345 047,30 € TTC

Lors du Conseil municipal du 26 septembre, le maire nous a indiqué qu’une commission d’appel d’offres devait se réunir le 30 septembre pour choisir les entreprises chargées des travaux et s’est engagé à nous communiquer le nouvel avenant concernant la mission de la SPL. A suivre…

Le quartier du Bois des Roches, et plus largement les habitants de la ville, méritent un meilleur cadre de vie, une variété de commerces de proximité et beaucoup plus de considération ! 

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