Ça sert à quoi d’aller voter ?

En cette veille de rentrée, je fais un point sur la situation politique nationale assez affligeante. Depuis sa lourde défaite aux élections européennes, et alors que l’extrême droite frôle les 40%, Macron a tout essayé pour se disculper et nous endormir.

Dissoudre l'Assemblée nationale, prétendument pour obtenir une clarification, convoquer en urgence des élections législatives afin de court-circuiter le débat démocratique, tenter d’empêcher la constitution de désistement républicain, y compris contre l’avis de son Premier ministre.

Mais, une nouvelle fois, les français largement mobilisés ont déjoué tous les funestes plans du Président de la République. Ne devant son élection à deux reprises en 2017 et 2022 qu’à la mobilisation de la Gauche pour contrer Le Pen, Macron n’a toujours pas compris le haut niveau de discrédit dont il est l’objet.

Il refuse d’admettre qu’à l’Assemblée nationale, le bloc du Nouveau Front Populaire est le plus important et qu’en toute logique, il devrait choisir de nommer Lucie Castets, comme le propose les partis de gauche. Ce comportement est un déni démocratique grave. Il constitue même une fuite en avant, bien peu républicaine. En effet, le groupe de ses derniers partisans à l’Assemblée nationale, déjà, très affaiblit, disposerait de 48 députés de moins sans la mobilisation claire de la gauche pour les faire élire et réduire le poids de l’extrême droite.

Depuis le 7 juillet, le prétexte pour ne pas permettre la constitution d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire était le refus de voir des ministres issus de La France Insoumise siéger au gouvernement. Rapidement, Jean-Luc Mélenchon a fait sauter ce verrou en déclarant qu’il n’y aurait pas de ministre issu de son mouvement si le président acceptait la formation d’un gouvernement de Lucie Castets. Le prétexte hypocrite est alors vite tombé. D’un même mouvement, la droite, l’extrême droite, les macronistes, les grands patrons, les milieux financiers et médiatiques ont avoué leur véritable problème. Ce n’est pas LFI qui gêne, c’est le Nouveau Front populaire en son entier et surtout le programme qui permettrait au plus grand nombre de pouvoir vivre mieux.

Ainsi, il apparaît clairement que les macronistes, la droite, l’extrême droite et le Medef ne sont pas favorables à l’amélioration du sort des 3 millions de salariés du secteur privé payés au Smic. Sans compter les salariés agricoles, de nombreux agents publics et des travailleurs précaires ou mal déclarés, exclus de ce chiffrage.

Tout cet attelage conservateur parle des services publics, mais ils ne veulent absolument pas améliorer l’accès aux soins, à l’éducation, au logement, à la tranquillité publique ou aux transports publics au nom du déficit public qu’ils ont creusé et qu’il faudrait diminuer. De la même façon, ils ne veulent à aucun prix d’un nouveau gouvernement qui remette en cause l’augmentation cynique de l’âge de départ à la retraite.

Pourtant le Nouveau Front populaire s’est dit prêt à se conformer à l’injonction de la Commission européenne réclamant la réduction du déficit d’au moins dix milliards d’euros. Au lieu de diminuer les services publics, la gauche propose d’augmenter la participation des très riches à l’effort commun. Pas question pour Macron, c’est le peuple qui doit payer. Les enjeux de classe, toujours aussi vivaces sont posés. L’alternative est claire : un gouvernement au service de la minorité des privilégiés et des détenteurs du capital ou un gouvernement de Gauche au service de l’intérêt général.

Comme dans une république bananière, les droites et l’extrême droite coalisées autour de Macron ne veulent respecter l’aspiration au changement fortement demandé par les français au cours de ces deux derniers scrutins. Les élucubrations sur la "trêve Olympique" de "décantation" et la diabolisation de la France Insoumise sont destinés à créer une ambiance lourde et insécurisante pour imposer la poursuite d’une politique qui ne bénéficie qu'aux milieux d’affaires.

Le petit noyaux sordide qui dirige la France, replié dans le palais de l’Elysée, est totalement inconséquent. Culpabiliser les citoyens qui auraient mal voté, faire croire que le pays a besoin de compromis pour être gouverné par "un bloc central" pour camoufler des choix de plus en plus droitier. La comédie des consultations qui s’éternisent est une vraie mascarade. En fait, Macron ne veut délibérer qu’avec lui-même et être "en même temps" le Président, le Premier ministre et le Parlement !

Macron s’appuie sur la complicité du RN/FN pour accélérer les politiques antisociales et anti-démocratiques. L’extrême droite se réjouit, car le cadre qu’impose le Président de la République lui profitera.

La stigmatisation de LFI va de pair avec l’organisation d’une sévère pression sur la nature du Parti socialiste appelé à rompre avec le Nouveau Front Populaire. L’invocation du retour de la social-démocratie est un leurre. Le capital et ses valets ne cherchent pas à relancer un parti réformiste prônant un compromis capital/travail, mais à renforcer le social-libéralisme dont on sait qu’il n’a rien de social pour accompagner les projets du capitalisme financier mondialisé.

Les grands patrons, dont les rémunérations et les dividendes versés aux actionnaire ont explosé, considèrent qu’ils n’ont plus rien à partager. Leur souci est de transférer vers le capital toujours plus de richesses issues du travail. Entraîner le Parti socialiste et d’autres dans la compromission, c’est organiser leur perte et élargir encore les lits des extrêmes droites. La propagande en faveur d’un gouvernement de compromis ou d’un gouvernement qui n’aurait de technique que le nom est une tromperie contre les classes populaires. Le système capitaliste ne cherche pas de compromis. Il cherche une soumission totale à ses diktats. Le président du Médef clame qu’il faut « poursuivre les politiques pro-business ». Les grandes multinationales, les marchés financiers, les secteurs des assurances et les géants du numérique veulent imposer une gouvernance algorithmique aux États, aux citoyens, aux activités économiques. L’engrenage des guerres ne bénéficient qu’aux seuls conglomérats militaro-industriel, tout comme la constitution d’oligopole du médicament et de la chimie. L’intégration toujours plus grande de la France au sein du bloc capitaliste occidental, sous l’égide de l’Otan, pousse à la désintégration de l’État-Nation et permet aux gouvernants de s’affranchir de la souveraineté populaire. Derrière la crise qui mine les institutions dépassée de la Ve République, nous sommes face à une lutte de classe violente pour écraser tout projet de réforme progressiste aussi modeste soit-il. Le compromis que recherche la bourgeoisie n’est pas entre une gauche réformiste et les tenants du pouvoir, mais entre les diverses variantes des droites avec les extrêmes droites.

Les classes populaires ne continueront pas longtemps à accepter d’être ainsi méprisés, dominées, exploitées alors que leurs votes ne sont pas pris en compte quand ils ne coïncident pas avec la volonté du cercle de la raison capitaliste. L’implication citoyenne populaire doit reprendre de la vigueur. Le Nouveau Front populaire doit se mettre à son service, affermir son unité politique et syndicale, se déployer, par la base, partout dans tout le pays, organiser des actions dans la rue jusqu’à utiliser tous les dispositifs constitutionnels pour mettre en échec ce coup d’État macroniste contre la volonté des urnes.

Oui, il nous faut résister et se mobiliser. Si non, à quoi ça sert d’aller voter ?

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