Bilan de mi-mandat : confus  et partiel

Les 8 pages centrales du journal municipal du mois de mai sont consacrées au "Bilan de mi-mandat" de la liste du maire. Les deux groupes d’opposition n’auront droit qu’à une demi page pour y répondre le mois prochain.

S’il est légitime que la liste de la municipalité présente un bilan de son action, il aurait été plus sain que ce document soit édité, payé et distribué par l’association électorale "Saint-Michel ensemble", comme cela avait été fait précédemment…

Sur le contenu, quelques remarques (non exhaustives) :

1 - Sophie Rigault indique que les Saint-Michellois lui ont renouvelé "largement" leur confiance. Rappelons qu’en fait, seulement 18,33% des électeurs inscrits ont voté pour sa liste.

2 - Si le document reprend les 4 chapitres du programme "valoriser, accompagner, animer, protéger", les actions sont présentées sans aucune hiérarchisation. Ainsi pêle-mêle, la dictée géante, le défi mégot ou la démoustication apparaissent avec autant d’importance que le pôle gare (13 millions d’investissements), la rénovation de la piste d’athlétisme (1,15 millions d’€) ou les actions sous le label "cité éducative" (300 000 € par an). Et sur de nombreux sujets, le détail de ce qui a été "réalisé" reprend des actions bouclées sous le précédent mandat (marché de restauration collective, réhabilitation de la maison des seniors, création de la police municipale, mutuelle communale…). De même, des actions présentées comme étant "en cours" ou "à venir" sont souvent des objectifs qui font l’objet de mystérieuses études depuis plusieurs années ou de réflexions opaques ou de prise en charge par l’agglomération (éclairage des sentes piétonnes, réhabilitation de l’école Jules Verne, révision du Plan Local d’Urbanisme, accès aux soins, réhabilitation du bois du Bois des Roches, itinéraire cyclable…)

3 - Je délivre une mention spéciale du cynisme pour le programme "Action Cœur de Ville". Sur ce dossier, Sophie Rigault avait notamment écrit : "dès 2021, la place Marcel Carné sera rendue plus fonctionnelle et plus esthétique. Sans oublier la nécessité de trouver une issue au conflit juridique qui paralyse la galerie commerciale". Nous en sommes encore loin. Rappelons que suite à la signature en juin 2018 de la convention cadre pluriannuelle "Action Cœur de Ville", la majorité municipale votait en novembre de la même année l’adhésion de la ville à la Société Publique Locale (SPL) des Territoires de l’Essonne (achat de 500 actions à 10€). Le Conseil départemental de l’Essonne est l’actionnaire majoritaire de cette société. Depuis, sans mise en concurrence, Madame le Maire, également vice-présidente du Conseil départemental, a signé trois conventions de mandat avec cette société pour une rémunération totale de plus de 270 000 €.

En voici le détail :

* En décembre 2018, une convention de mandat était passée avec la SPL (rémunération : 69 240€ TTC) pour le réaménagement de la rue Berlioz, et des places Püttlingen et Berlioz. Les travaux initialement estimés à 2,5 M€, auront finalement dépassé les 3 millions, sans que nous puissions disposer d’un compte-rendu du mandat donné à la SPL.

* En novembre 2019, la ville signait une autre convention de 12 mois avec la SPL, concernant la redynamisation du centre commercial Grand Bois (rémunération : 94 500 € TTC). En octobre 2020, le maire signait un avenant de prolongation fixant la fin du contrat au 11 décembre 2021 (rémunération supplémentaire de 7 800 €). Un an plus tard, nous ne disposons d’aucun élément sur le travail effectué et les résultats de diverses études complémentaires évaluées « à plus de 200 000€ HT ».

* En septembre 2021, la ville confiait un troisième mandat à la SPL pour le réaménagement de la place Marcel Carné (rémunération 102 390 € TTC). Enveloppe prévisionnelle des travaux : 3 829 200 € TTC + un budget d’études techniques estimés à 404 004 € TTC. Le mandat étant prévu sur 18 mois, celui-ci doit donc s’achever en mars 2023. Mais à ce jour, aucun travaux n’ont commencé, car la ville n’est toujours pas propriétaire des terrains nécessaires au réaménagement de la place.

4/ Sur le pôle gare, on assiste à un enfumage total. Déjà, à la veille des élections municipales de 2014, M. Zunino et Mme Rigault, alors 1ere adjointe, nous sortait presque miraculeusement un projet tout ficelé et parait-il financé en annonçant pompeusement que la réhabilitation du pôle gare était « en bonne voie » ! Après 6 ans d’immobilisme, en 2020, la droite écrivait : "La gare est un point névralgique de l'activité locale et un atout majeur pour notre ville. Afin de réaménager cet espace, nous avons décidé de mobiliser tous les acteurs impliqués pour que ce projet indispensable et très attendu avance enfin. En effet, aujourd'hui, les accès à la gare sont complexes et le stationnement insuffisant, la gare routière n'est pas adaptée et les cheminements piétons et cyclistes dangereux. Le projet prévoit la création d'un parking de 450 places, gratuit pour les détenteurs du Pass Navigo annuel, ce qui désengorgera le stationnement dans le quartier, pour les commerçants et les riverains. Des dépose-minutes et des zones bleues seront matérialisés, des arceaux à vélo et Véligo seront installés et les franchissements piétons et cyclables seront repensés et sécurisés. Enfin, une véritable gare routière sera créée permettant l’arrivée des bus articulés et notamment ceux de la ligne 401". Trois ans plus tard, la municipalité parle de tout autre chose en s’attribuant les travaux sur l’emprise de la SNCF : "Fruit d’un travail partenarial mené avec l’agglomération, la SNCF, Île-de-France Mobilités, mais aussi l’ensemble des acteurs concernés, ce projet de réaménagement s’appuie sur un diagnostic partagé tenant compte des problématiques identifiées à Saint-Michel-sur-Orge. 3 objectifs majeurs ont ainsi été retenus : faciliter et sécuriser l’accès des vélos et piétons, créer une gare routière adaptée aux normes et aux besoins, améliorer l’offre de stationnement pour les automobilistes. Réalisé en plusieurs phases, ce projet d’envergure a pour objectif la création d’un pôle multimodal modernisé, fonctionnel et sécurisé afin de répondre aux besoins d’aujourd’hui et de demain. La phase consacrée aux travaux d’accessibilité est désormais terminée. Les études pour les phases à venir se poursuivent". Surprenant amalgame. Les travaux d'accessibilité en cours de finalisation sont de la seule responsabilité de la SNCF (avec une réduction des passages d'accès à la gare). Pour le reste, "les études se poursuivent" et nous attendons toujours la réunion de présentation du projet (très contestable) d'aménagements (parking, gare routière, franchissements piétons et cyclables) qui devait avoir lieu à l'automne 2021 !

5 - Sur les aspects concernant la démocratie participative, c’est un tourbillon d’annonces sans lendemain.

Dans le programme de la liste du maire en 2020, il était indiqué : "Afin de renforcer la démocratie directe et participative, nous proposons de refondre les conseils de quartiers et leur règlement. Parallèlement, nous mettrons en place des réunions de rue pour permettre aux riverains de faire part plus facilement de leurs problématiques locales. Le numéro vert “Allo madame le Maire” sera maintenu, les permanences reconduites et même proposées en visio".

Trois ans après, le bilan élogieux communiqué est le suivant :

- "La permanence du Maire et des élus a été remise au goût du jour avec un nouveau format". Effectivement depuis octobre dernier, le maire et les élus de la majorité tiennent une permanence un mercredi par mois dans un lieu différent de 17h à 19h, sans rendez-vous. Selon plusieurs témoignages recueillis, l’écoute n’est pas très attentive et les suites données sont souvent très approximatives par rapport aux questions précises soulevées. La confidentialité n’est pas respectée avec le va et vient récurrent des collaborateurs du maire pour prendre des photos des élus à l’écoute…

- "des concertations en ligne ont été organisées (éclairage public nocturne, révision du Plan Local d’Urbanisme)". La concertation en ligne sur l’éclairage a été réalisée la veille de Noël, le cabinet du maire nous a indiqué 174 réponses. Sur la révision du PLU, seule une adresse mail est mise à disposition.

- "des réunions publiques avec les habitants dans le cadre de travaux de voirie importants comme pour la rue d’Enfer ont eu lieu, des rencontres sur site pour évoquer des problèmes de proximité avec les riverains ou encore des ateliers participatifs ont été organisés notamment dans le cadre du projet de la place Marcel Carné et de la révision du Plan Local d’Urbanisme". En fait, la seule réunion publique organisée en trois ans concerne la rue d’Enfer, pour présenter le contenu des travaux déjà décidés. Quant aux deux ateliers participatifs évoqués, ce sont plutôt des travaux dirigés en petits groupes restreints qui ne permettent aucun échange sur les enjeux et aucune restitution partagée pour co-construire avec les rares habitants présents.

Par contre les conseils de quartier, déjà très peu réunis lors des 2 précédents mandats de la droite, semblent désormais complètement oubliés. Pourtant, dans le programme de 2020, la liste du maire promettait un acte 2 concernant le budget participatif lancé en 2019. Il était indiqué : "Le succès de la première édition du Budget Participatif nous amène logiquement à renouveler cette action. Cet outil permet aux citoyens de se saisir des questions locales afin de proposer des projets concrets et inventifs qui seront financés par la Ville". Trois après la municipalité n’a même pas pris la peine d’actualiser les pages dédiés que l’on trouve encore ICI et LA sur le site de la ville.

A noter enfin que dans le dépliant "déjà deux ans", diffusé par la liste du maire en avril 2022, il était annoncé le "lancement d’une plateforme permanente de concertation 3-2-1-participez.fr". Toujours en ligne ICI sur le site de la ville, la plateforme ne connaît aucune activité depuis plus de 6 mois.

6 - En avril 2022, dans le dépliant "déjà deux ans", la droite évoquait "46 engagements déjà réalisés ou en cours de réalisation sur les 100 présentés dans le programme de 2020". Dans le bilan de mi-mandat présenté par la liste du maire dans le journal municipal de mai, la droite affirme que "plus de la moitié des engagements a déjà été réalisée ou amorcée". Après plusieurs recomptages, nous n’avons trouvé que 87 thématiques sous forme d’engagements. Et dans la présentation de ce bilan de mi-mandat, seulement 38 sont évoquées.

Si cela ne constitue pas des enjeux vitaux pour des mesures comme le "parler bambin", le salon du "fait main" ou le concours d’éloquence, c'est beaucoup plus embêtant par exemple quand on lit les textes d’origine de 10 promesses totalement disparues :

- "Circulation et stationnement : Dans un contexte très contraint, la circulation et le stationnement dans toute la ville doivent être repensés pour modifier les flux, favoriser la vitalité commerciale et offrir des solutions avantageuses aux résidents. Nous étudierons la possibilité d’installer une aire de covoiturage".

- "Réhabilitation de l'ancienne bibliothèque : Inoccupée depuis l’ouverture de la médiathèque, l’ancienne bibliothèque Marie Curie doit pouvoir retrouver une utilité pour les habitants. Une concertation sera lancée sur son devenir en vue de sa transformation en tiers lieu pour l’accueil de différentes activités. Quelques idées ont déjà émergé : un studio de danse pour les associations qui manquent de place ou encore un point de distribution de produits en circuits courts, un atelier de réparation d’objets ou un espace de travail pour les étudiants. Nous avons imaginé y soutenir également l’installation d’un café associatif ou d’autres activités".

- "Construction du 8e groupe scolaire : Nous mobiliserons également toutes nos forces pour construire un 8e groupe scolaire".

- "Instauration d'une taxe sur les locaux commerciaux vacants : Pour inciter les propriétaires fonciers à louer leurs cellules commerciales et éviter les coques vides, nous créerons une taxe sur les locaux commerciaux vacants".

- "Pôle d'activité et de soins adaptés pour les maladies d'Alzheimer : L’évolution démographique fait de l’adaptation au vieillissement un enjeu majeur de notre société. L’EHPAD des Grouettes est l‘un des rares établissements publics du département. Nous travaillons depuis plusieurs mois pour y ouvrir un Pôle d’Activités et de Soins Adaptés (PASA). Cette unité a pour vocation d’accueillir en journée des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de les stimuler grâce à des activités sociales et thérapeutiques pour maintenir leur autonomie au maximum".

- "Projet SESAME : Nous nous inscrirons pleinement dans le projet Sésame de l’agglomération en lien avec Action Cœur de Ville, en proposant notamment la création d’une champignonnière. Nous entamerons une démarche de mutualisation avec l’agglomération et les villes voisines pour obtenir davantage de qualité et des circuits de plus en plus courts auprès des fournisseurs".

- "Conseil des droits et devoir des familles : Un C.D.D.F. est un dispositif d’aide à la parentalité fondé sur l’action sociale et éducative, piloté par la ville. Coordonné par la Réussite éducative, le C.D.D.F. aura pour mission de dialoguer avec les familles, de leur adresser des recommandations et de proposer des
mesures d’accompagnement parental adaptées à la situation".

- "Aide à l'embauche d'une assistante maternelle : Et parce que le coût est souvent un frein à l’embauche, nous mettrons en place (sous condition de ressources) une aide pour les familles qui emploient une assistante maternelle libre".

- "Élargir les horaires de la médiathèque : Nous solliciterons l’agglomération pour élargir les horaires d’ouverture de la médiathèque, aujourd’hui assez restreints, afin d’ouvrir l’accès à un maximum d’habitants".

- "Club ados : Parce que nous avons constaté que les adolescents qui vivent dans les quartiers situés de l’autre côté de la voie ferrée fréquentent peu le Club Ados, nous ouvrirons une antenne dans le quartier ancien. Plus accessible, car moins loin, elle permettra à tous de bénéficier de nombreuses activités".

- "Création d'une boutique éphémère : Nous savons la difficulté pour certains commerçants, artisans, créateurs de s’installer dans leur propre local. Ainsi, nous souhaitons créer une boutique éphémère pour donner une chance à de nombreux créateurs locaux d’exposer et vendre leurs produits".

Il leur reste encore 3 ans !

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