Ne rien céder à l’extrême droite

Il est temps de stopper cette peste brune qui se normalise dans notre pays. Ils tiennent des colloques et paradent dans Paris en toute impunité. Les agressions, les insultes et les intimidations des extrêmes droites ne peuvent pas être traitées dans la seule rubrique des faits divers.

Cela doit alerter tous les démocrates par-delà leurs sensibilités, leurs idées politiques ou philosophiques.

Faute de soutien de l’État, le maire de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique, insulté, harcelé, victime d’un incendie criminel a décidé de démissionner et de quitter sa commune, dans laquelle les pouvoirs publics voulaient installer un centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA). Quelques mois plus tôt, à Callac, en Côtes-d’Armor, la municipalité a dû abandonner un projet similaire. Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Le Poher » en Centre Bretagne est menacé de mort. Deux week-end consécutifs des individus, souvent masqués, portant croix gammée et croix celtiques, et scandant des mots d’ordre nazis ont défilé en plein Paris.

À chaque fois, ceux qui sont à la manœuvre se recrutent dans les meetings du sinistre Zemmour que le Figaro et CNews ont nourri et rendu présentable. Dans ces groupuscules, souvent animés par d’anciens responsables du GUD, on trouve toute une série de connexions avec la famille Le Pen. Collaborateurs, financeurs et communicants se retrouvent dans ces milices qui n’hésitent pas à tabasser et à tuer comme pour le rugbyman Federico Aramburu, assassiné récemment à Paris.

Pendant ce temps, dans les cercles du pouvoir macronien et dans les arrières salles de la droite dite "républicaine" où l’on aperçoit les Wauquiez, Ciotti, Morano ou Retailleau, comme au sein de plusieurs rédactions de médias, tout est fait pour rendre le Front National, devenu le Rassemblement National présentable et normalisé.

Ses mots, ses thématiques, ses idées sont repris comme de "bonnes questions" auxquelles il faut apporter une réponse, des évidences avec lesquelles on se voilerait trop facilement la face. L’immigration et l’insécurité, sont mises au-devant de la scène médiatique et les profiteurs de la crise économique seraient les allocataires du RSA, les travailleurs étrangers, avec ou sans papier.

Ces dernières semaines, Mme Le Pen a tout juste convenu qu’il s’agissait de provocations sans critiquer les mots d’ordre et des propos fascinants qui y ont été prononcés. Quant au ministre de l’Intérieur, qui lui avait reproché d’être trop « molle », il préfère s’attaquer aux militants de gauche, traités "d'éco terroristes" ou d’islamo-gauchistes, plutôt que d’agir contre ces nazillons.

On a même récemment entendu, dans la quasi indifférence générale, le président du Medef nous expliquer que la victoire de l’extrême droite est "un risque nécessaire" avant de justifier, quelques jours plus tard, la nécessité pour le grand patronat de dialoguer avec l’extrême droite.

En France comme en Italie, la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie (celle qui manifestait, par exemple il y a 10 ans, contre le mariage pour tous), considère que le débouché politique naturel du macronisme évanescent passe par l’extrême droite. Au-delà des questions sociétales, le Rassemblement national est sur une ligne économique ultra libérale. Il souhaite notamment supprimer tous les « impôts de production », c'est-à-dire tous les impôts sur le capital. Ceci devrait faire réfléchir davantage les ouvriers, les précaires ou les jeunes qui croient pouvoir  se débarrasser des "élites" et du "système" avec le vote Le Pen. Au contraire, une arrivée au pouvoir des Le Pen et Zemmour ne ferait que renforcer le capitalisme corrompu et destructeur notre planète, tandis que la santé, la culture et l’éducation seraient réservées aux riches, de préférence blancs !

La colère, le ressentiment du déclassement, les peurs, n’ont jamais produit une politique humaine.

Les extrêmes droites, notamment partout en Europe, se nourrissent de la désindustrialisation, de la dévitalisation des campagnes, de l’abandon des services publics et de la division organisée des travailleurs, des précaires et des demandeurs d’emplois, ainsi que du refus des gouvernements de droite d’entendre les aspirations populaires et de passer en force pour imposer des régressions sociales, comme pour le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite. Mettre la conditionnalité d’exercer une activité pour percevoir un maigre RSA vise à empêcher les plus précaires d’accéder à un vrai travail, correctement rémunéré. Vouloir à tout prix mettre en avant des baisses d’impôts pour "les classes moyennes", sans se préoccuper de financer les services publics de santé, d’éducation, d’énergie ou de transport, vise à délaisser les plus pauvres pour diviser plus encore notre société.

Le vaste chantier d’une perspective de transformation sociale, démocratique et écologique doit être davantage investi et être porté directement par les citoyens. Si les dirigeants politiques, dits de gauche, continuent de brider les espérances du peuple, pour être soi-disant "crédibles" et "rassurants", la thèse du "moindre mal" risque de bénéficier aux  partis de la haine.

Il faut inlassablement rappeler que celui qui survit avec un maigre RSA n’est pas l’ennemi de l’ouvrier, du paysan ou de l’ingénieur. L’immigré qui fuit les guerres, la misère, la désertification ou les inondations est d’abord une victime et non celui qui vient prendre le travail ou le pain d’un français.

Il n’y a qu’une seule Terre. Nous sommes TOUTES et TOUS citoyens du monde.

Le confusionnisme se répand partout, en qualifiant la gauche de transformation d’extrême et en renvoyant dos à dos "les extrêmes". Le brouillage des mots vise à faire accepter le pire. Pourquoi, par exemple, ranger malicieusement l’extrême droite dans la catégorie des "populistes" sinon pour cacher la nature de son projet qui est d’abord raciste, xénophobe, antisémite, antimusulman, homophobe et suprémaciste blanc.

Nous avons besoin de construire des ponts, et non des murs.

Nous avons besoin de fraternité et d’une solidarité active, pleine et entière entre chacune et chacun des habitants de la Terre. Il y a encore une fois urgence, car l’insidieuse peste brune est, comme en Italie, aux portes du pouvoir dans notre pays. Et l’histoire nous enseigne pourtant dans quel désastre ça se termine !

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