Face au mépris de Macron : Restons mobilisés contre la retraite à 64 ans

Une réforme reportant à 64 ans l’âge du départ à la retraite dont le contenu est depuis plus de deux mois très largement rejeté par l’opinion. Une forte unanimité de l’ensemble des confédérations syndicales pour s’y opposer. Une pétition à plus d’1 millions de signatures.

Une multitude de témoignages de salariés qui disent leur inquiétude de ne pas pouvoir tenir physiquement jusqu’à 64 ans. Des analyses qui montrent l’injustice d’une réforme qui pèsera davantage sur les femmes, celles et ceux exerçant des métiers difficiles ou ayant commencé à travailler tôt. Des décryptages qui démontrent les contradictions et les mensonges du gouvernement.

Et face à tout ceci, le Président de la République continue à réagir par un double mépris

Mépris de la démocratie, en imposant ce texte par l’article 49-3, sans même prendre la peine de le faire voter, comme si l’expression des milliers de salariés sacrifiant plusieurs jours de salaire pour manifester, n’avait pas existé.

Ce non-débat est "un ébranlement du sens et des fondements de la notion de légitimité, un ébranlement des formes d’expression de la démocratie, un ébranlement de la notion même de représentation et un ébranlement du fonctionnement parlementaire", estimait récemment le très modéré sociologue Pierre Rosanvallon. Lire ICI.

Mépris social ensuite subit par des millions de gens avec des effets immédiats sur leurs vies, sur leurs proches, sur la motivation qu’ils mettent dans leur travail et sur l’espoir de pouvoir vivre une retraite dignement. Mépris d’autant plus détestable, après deux années de Covid, des salaires en bernes et une inflation insupportable, quand les riches continuent de se gaver (Le conseil d’administration de TotalÉnergies a indiqué ce jeudi qu’il proposerait lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 26 mai, une hausse de 10% de la rémunération de son PDG) et que l’oligarchie financière veut à travers cette réforme des retraites réduire la protection sociale des français après avoir cassé nos services publics.

Ce double mépris, social et démocratique, s’il n’excuse pas les violences, pousse à la colère et doit être sanctionner dès la semaine prochaine à travers le vote d’une motion de censure. Aux dysfonctionnements démocratiques, s’ajoute avec Emmanuel Macron une démocratie sociale piétinée. Je vous invite à lire, sur ce sujet, la passionnante tribune d’Alain Supiot dans Le Monde 

Pour justifier son passage en force, M. Macron s’est écrié, sous les dorures de son bureau feutré, "qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands". En clair, il confirme bien que l’objectif de cette réforme est de répondre aux exigences des marchés financiers et à leurs intérêts, pour ne pas déplaire aux entreprise du CAC 40, aux technocrates européens et aux agences de notation.

Le recul de l’âge de départ en retraite vise d’une part à exploiter encore plus et plus longtemps les travailleurs et d’autre part à ouvrir la voie à la fin d’activité au travail sans pension complète pour favoriser les retraites complémentaires, ouvrir la voie à un système des retraites par capitalisation et dégager le chemin vers le démantèlement de la Sécurité sociale.

Mais cela ne bouclera pas cette séquence désastreuse, tant la protestation n’est pas une énième mobilisation, parmi d’autres. Son nombre et sa ténacité, sa détermination et sa durée, et surtout son exceptionnelle unité prouvent que ceux qui, depuis deux mois, manifestent, font grève, approuvent ou soutiennent, ont compris l’importance des enjeux sociaux, démocratiques, mais aussi civilisationnel. Une société viable se doit de rassembler TOUS ses membres dans une communauté minimum de destin. (Lire ICI)

Un nouvel âge de la démocratie va de pair avec le progrès social et la transformation écologique de nos systèmes de production. Il n’y a pas de sécurité humaine sans porter ce triptyque social, démocratique et écologique.

Le combat pour empêcher le recul de l’âge de départ en retraite devient un combat politique majeur. Il concentre en son sein toutes les injustices : les milliardaires accumulent toujours plus de milliards et les profits sont au zénith quand les foyers populaires et même les classes moyennes sont contraints aux privations dans une période où les guerres et les bouleversements climatiques ajoutent une insécurité terrible aux insécurités de l’emploi et de revenu. Dans ce moment difficile et complexe, ce n’est pas la destruction de la Sécurité sociale qui doit être mise à l’ordre du jour, mais au contraire un projet neuf permettant d’assurer une sécurité de vie pour chacune et chacun combinée à une sécurité environnementale.

Nous entrons dans une crise de régime. Un tel écart entre la volonté des Français et les choix d’un pouvoir déconnecté et hors sol, un tel piétinement de tous les espaces de participation aux décisions ne peut pas tenir durablement.

La mobilisation contre cette réforme injuste et inutile doit se poursuivre.

Dans ce contexte, chacun peut agir à sa manière et selon ses moyens. Voir ICI une liste des Caisses de soutien aux grévistes.

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