Ukraine : Choisir la paix

La guerre déclenchée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine le 24 février 2022 est odieuse et irresponsable. Ce choix est un crime contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays et contre le droit international. 

Depuis un an, les bombes tombent indistinctement sur des immeubles d’habitation et sur des sites stratégiques, avec toujours plus de destructions, de morts et de drames. Chaque jour, au-delà des atrocités que subissent les civils, des dizaines de soldats meurent tant du côté ukrainien que russe dans la boue des tranchées, sous des tirs d’artillerie ou dans des corps à corps qui rappellent les atrocités de la guerre de 1914. Et livraison d’armes après livraison, on ne voit pas la fin de cette tragédie.

Les Ukrainiens deviennet aussi parfois des instruments (otages et victimes) d’une rivalité qui oppose les États-Unis à la Russie. L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe doit aussi être analysée comme la réponse (guerrière et non excusable) de Poutine à l’avancée politique, économique et militaire des puissances occidentales à l’est de l’Europe. Car, depuis la chute de l’Union soviétique, les États-Unis et plusieurs pays de l’Union européenne sont à la manœuvre pour placer cette région dans leur orbite. C’est pour cette raison que la guerre fait rage au Donbass depuis 2014. Celle-ci opposait, déjà, des indépendantistes pro-russes et des forces ukrainiennes armées et entraînées par les États-Unis.

L’Ukraine a droit à son intégrité territoriale et à sa sécurité. C’est une évidence qui ne se discute pas. Mais cela devrait interdire à tous les biens pensants de nous jouer la grande scène de la guerre de civilisation face au nouveau Hitler. Poutine est un autocrate assassin, enfermé dans sa logique délirante, qui a choisi délibérément de déclencher un massacre, et c’est amplement suffisant.

Sous la tutelle interventionniste et impérialiste des États-Unis, même si Biden est heureusement bien moins dangereux que Trump, l’Union européenne est en train de disparaître économiquement, militairement et politiquement dans ce désastre. Elle est plus que jamais un satellite de ces États-Unis qui lui menaient, avant l’agression russe, une guerre commerciale violente, à coups de milliards de dollars de sanctions contre ses entreprises, à coups d’intimidation autour des sanctions illégales décidées unilatéralement par Washington contre de nombreux pays du globe.

Déployer l’étendard de la Liberté contre le dictateur Poutine en expliquant qu’il n’y aura de solution que militaire est une erreur totale. La démocratie et la liberté des peuples ont avant tout besoin d’une Europe indépendante, respectueuse du point de vue des autres peuples du monde et d’un équilibre global qui s’attaque sérieusement à la misère, la corruption et à la crise climatique. Et même si l’impérialisme américain est moins dangereux que l’impérialisme russe ou chinois, ce n’est pas suffisant pour s’y soumettre. La France et l’Europe ont beaucoup mieux à dire aux peuples du monde.

La guerre en Ukraine peut, à tout moment, nous faire basculer vers une troisième guerre mondiale. L’affrontement entre les États-Unis et la Chine menace de plus en plus. Les deux pays se livrent déjà une guerre économique féroce à l’échelle du monde. Que se passera-t-il si la Chine décide de livrer des armes à la Russie ?

Les propagandistes "va-t-en guerre" divisent la communauté internationale entre les démocraties pacifiques et les autocraties agresseurs fous furieux. C’est oublier que depuis un siècle maintenant, les puissances occidentales n’ont pas besoin d’intervenir militairement pour affirmer leur domination sur différentes régions du globe. La puissance financière et commerciale de leurs capitaux leur suffit à corrompre et soumettre bien des dirigeants. Mais la misère et le dénuement qu’elles provoquent ne font pas moins de morts et de drames que les bombes. Les grandes puissances se portent toujours volontaires pour "libérer" les peuples opprimés… par leurs concurrents.

Dans un monde instable et si interdépendant, cette guerre est un échec pour tous. Elle montre les limites dangereuses atteintes par la militarisation des relations internationales, avec son sinistre cortège de discours guerriers, de haines et de nationalismes. Nul n’a jamais guéri des meurtrissures du passé en provoquant une nouvelle guerre. L’objectif immédiat de la France doit être d’obtenir un cessez-le-feu sans condition, le retrait des troupes russes et l’ouverture de négociations sous l'égide de l’ONU.

La résolution (certes non contraignante) adoptée hier soir, 23 février 2023, par l’Assemblée générale des Nations Unies (141 votes pour, 7 contre et 32 abstentions) réaffirme l’"attachement" à "l’intégrité territoriale de l’Ukraine" et "exige" que la Russie "retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays". Elle appelle également à une "cessation des hostilités" et "souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies". C’est la seule voie possible !

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