Éléments d’analyse du 1er tour de l’élection présidentielle à Saint-Michel-sur-Orge

Comme à l’issue de chaque scrutin, je vous livre sur ce blog des éléments d'analyse du résultat du 1er tour de l'élection présidentielle à Saint-Michel-sur-Orge.

Ces éléments s’appuient sur les chiffres, détaillés dans chacun des 14 bureaux de vote (voir la carte de délimitation ICI), en relation avec les précédentes élections présidentielles pour distinguer les évolutions du vote des Saint-Michellois.

Les électeurs inscrits

Ce 10 avril 2022, il y avait 12 412 électrices et électeurs inscrits sur la liste électorale. Lors de la commission de contrôle du 17 mars dernier, à laquelle je siège en tant que conseiller municipal, nous avions pris en compte 751 dossiers d’inscription, en plus d’environ 200 jeunes inscrits automatiquement à compter de leur 18 ans. Mais de nombreuses radiations sont arrivées parallèlement suite à l’inscription d’anciens Saint Michellois dans leur nouvelle commune. Au final, on constate depuis plusieurs années une très grande stabilité du nombre des inscrits dans notre ville. Pour les trois dernières élections présidentielles : 12 626 en 2012, 12 359 en 2017 et donc 12 412 cette année. Pour information, le plus grand nombre d’électeurs inscrits à Saint-Michel date de 1989, avec 13 036 personnes.

La participation

9 209 Saint-Michellois se sont déplacés pour voter ce 10 avril. Cela représente 74,19% des électeurs inscrits. Un pourcentage légèrement supérieur à la moyenne nationale (73,69%), mais inférieur à la moyenne du département de l’Essonne (75,96%). Voir ICI la décision du Conseil Constitutionnel sur la proclamation officielle des résultats définitifs. 

Si la participation sur notre ville est supérieure au catastrophique 69,39% enregistré en avril 2002, c’est quand même la plus faible participation pour le 1er tour d’une élection présidentielle (90,12% en 1965, 82,48% en 1969, 86,09% en 1974, 83,86% en 1981, 78,87% en 1988, 76,30% en 1995, 88,22% en 2007, 78 ,95% en 2012 et 80,56% en 2017).

Les trois bureaux qui ont le plus voté sont la Maison des seniors (79,74%), la Fontaine de l’Orme (79,69%) et l’Hôtel de Ville (78,91%). Les trois bureaux qui ont le moins voté sont les bureaux 8, 9 et 10 au Bois des Roches : salle 13 avenue St Saëns (66,41%), Descartes 2 (67,53%) et Descartes 1 (67,67%).

Les suffrages exprimés

Après déduction des votes Blanc et Nuls, 9 000 suffrages se sont exprimés à travers les 12 candidatures présentées. Même si les votes Blancs et Nuls ne comptent pas, il est toujours utile de bien les identifier. Selon moi, en effet, le bulletin Blanc est d’abord un acte civique (on se déplace pour voter) et traduit bien souvent une insatisfaction devant l’offre des candidatures présentées. Ce 10 avril, il y a donc eu 64 bulletins Blancs et 145 bulletins Nuls. C’est un peu moins important qu’en 2017 (176 Blancs et 75 Nuls). Mais cela représente un total de 209 votes, soit plus que chacune des voix obtenues par Nathalie Arthaud (52), Philippe Poutou (75), Anne Hidalgo (134), Jean Lassalle (169) et Nicolas Dupont-Aignan (192).

La tripartition du paysage politique

La répartition des suffrages entre les 12 candidats, à Saint-Michel, comme ailleurs, fait clairement apparaître une concentration des votes autour de trois pôles :

- En tête, le pôle de l’Union Populaire, autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Pour sa troisième candidature, la progression est impressionnante en voix comme en pourcentage. En 2012, Jean-Luc Mélenchon recueillait 1 366 voix (13,96%), en 2017 il obtenait 2 442 voix (25,16%) et cette année il totalise 2 720 voix, 30,22% des suffrages exprimés. Ses meilleurs scores se situent au Bois des Roches, avec notamment 39,32% à Descartes 2, 38,59% aux Genêts et 38,25% à Lamartine. Et même dans les 3 bureaux où il obtient ses moins bons scores, il reste en nette progression par rapport à 2017 et se situe dans sa moyenne nationale (19,06% à Lormoy, 23,80% à Pablo Picasso et 25,08% à l’Hôtel de Ville). Ce résultat important ne peut pas se résumer en "un vote utile" à gauche, comme le décrive un peu trop rapidement les commentateurs et les perdants. Si effectivement tous les 2 720 Saint-Michellois n’ont pas effectuer leur vote par adhésion complète à la personnalité de Jean-Luc Mélenchon et à la totalité des 694 propositions contenues dans le programme l’Avenir en Commun, la plupart d’entre eux ont fait le choix du bulletin de l’Union Populaire, en conscience, parce que ce bulletin s’inscrivait dans la continuité d’une démarche "pour un autre monde possible" enclenchée en 2012, à travers le Front de Gauche et poursuivie en 2017 avec la France Insoumise. L’implication régulière et constante de plusieurs militants dans les diverses luttes, sociales, syndicales, écologistes et citoyennes a également constitué pour de nombreux électeurs un point de repère démontrant que le discours et le programme de l’Union Populaire s’appuyaient sur des pratiques concrètes et sincères au quotidien, sur le terrain.

- Le Président sortant Macron n’arrive qu’en 2e position à Saint-Michel, alors qu’il avait devancé de peu (25,70% contre 25,16%) Jean-Luc Mélenchon en 2017. S’il progresse en pourcentage en obtenant dimanche 26,19%, il perd des suffrages en tombant de 2 494 voix en 2017 à 2 357 voix ce 10 avril. Quand on sait qu’en plus, il a réussi à siphonner beaucoup de voix de droite (en 2017, Fillon récoltait 15,73 %. En 2022, Pécresse, malgré le soutien de Sophie Rigault, n’a obtenu que 5,28%), le bilan de ce premier quinquennat de Macron est loin de séduire les Saint-Michellois. S’il dépasse les 30% dans les trois bureaux historiquement les plus à droite et de plus en plus « boboïsé » (Lormoy, 32,19% ; salle Baschet, 30,30% et Jules Verne, 30,24%), il obtient des scores très faibles et perd beaucoup de voix dans les quartiers plus populaires (20,34% à Lamartine, moins 41 voix ; 20,85% à Descartes 2, moins 33 voix et 20,95% à la salle 13 avenue Saint-Saëns, moins 23 voix).

- Le troisième bloc est constitué par l’extrême droite. Il faut en effet comptabiliser ensemble les bulletins Le Pen (1 559 voix, 17,32%), Zemmour (554 voix, 6,16%) et Dupont-Aignan (192 voix, 2,13%). Ainsi, ce 10 avril 2022, l’extrême droite à St Michel totalise 2 305 voix, 25, 61%. Elle est en progression continue depuis les dernières présidentielles. En 2012, Le Pen + Dupont-Aignan = 18,01%. En 2017, les deux mêmes totalisaient 22,24%. Le total de l’extrême droite dépasse les 30% dans deux bureaux : 30 ,97% à l’Hôtel de Ville et 30,20% à Descartes 1. Le plus haut score de Le Pen est à Descartes 1 (23,39%), son plus faible à Baschet (12,32%). Les scores de Zemmour vont de 3,42% à Jules Verne à 9,38% à Pablo Picasso. Ceux de Dupont-Aignan oscille de 1,55% à la Fontaine de l’Orme à 3,19% à Jules Ferry.

Les miettes

Le poids des trois composantes électorales évoquées précédemment n’a laissé que des miettes aux autres candidatures. Ce constat peut paraître amer pour les militants défendant des convictions respectables. Mais l’électeur a fait le tri en laissant de côté les candidatures qui apparaissaient trop déterminées par la préservation d’appareils politiques centrés sur eux-mêmes. Excepté, Jean Lassalle, dont la candidature "authentique" laisse une possibilité de choix un peu folklorique aux électeurs qui ont du mal à se retrouver dans l’offre politique, le verdict est net.

- A droite, le parti Les Républicains paie cash ses ambiguïtés dans un positionnement de plus en plus droitier, alors que Macron avait déjà mis en œuvre une partie de ses orientations économiques néo-libérales et anti-sociales. Avec seulement 487 voix (5,28%), la chute de Pécresse est vertigineuse. Pourtant soutenue par le maire et une partie de sa majorité municipale, par encore totalement macronisée, Mme Pécresse plafonne à 7,42% dans son meilleur bureau (Pablo Picasso), dépasse les 5% que dans 8 des 14 bureaux et s’effondre à 2,46% au bureau des Genêts, en étant même devancée par Jean Lassalle.

- Pour les Verts, la candidature Jadot est bien en-dessous des prévisions. Si le score Saint-Michellois (5,41%) se situe un peu au-dessus du score national (4,63%), on note une grande disparité selon les bureaux. 9,38%, 7,84% et 7,34% dans les bureaux les plus à droite de la ville (Maison des seniors, Jules Ferry et Lormoy), mais seulement 2,26%, 2,86% et 2,96% dans les quartiers plus populaires du Bois des Roches (Descartes 1, salle 13 avenue St Saëns et Blaise Pascal). Les préoccupations sociales ont dû apparaître bien insuffisantes par les électeurs.

- Le Parti communiste avait fait le choix d’une candidature autonome, à la différence de 2012 et 2017 où les militants communistes s’étaient engagés autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Le contenu de la campagne de Fabien Roussel semble avoir davantage plu aux médias qu’aux électeurs de gauche. Avec 226 voix (2,51%), Roussel améliore un peu en pourcentage le score de Marie-George Buffet en 2007 (2,17%), mais ne retrouve pas le nombre de voix obtenues (240). Il se situe même en régression par rapport au 3,06 % de la liste Brossat aux européennes de 2019. Le PCF demeure néanmoins une force militante sincère, à respecter.

- La candidature d’Anne Hidalgo n’a recueilli que 134 voix (1,49%) à Saint-Michel. Plus aucun militant socialiste sur le terrain, une section disparue et une campagne essentiellement tournée contre Jean-Luc Mélenchon. Le PS est un repoussoir depuis le sinistre quinquennat Hollande-Valls. Le faible score de Benoît Hamon il y a 5 ans (7,33%) constitue de ce point de vue une très bonne performance…

- Enfin, saluons la ténacité des deux candidats classés à l’extrême gauche. Philippe Poutou (NPA) obtient 75 voix (0,83%), contre 105 voix (1,08%) en 2017. Nathalie Arthaud obtient 52 voix (0,58%), contre 57 (0,59%) il y a 5 ans. Ce n'est pas encore "la lutte finale" !

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