Maintenir la pression pour la qualité de l’Éducation
Même si la proximité des élections a sans doute pesé, le gouvernement et notamment le ministre de l’Éducation Nationale, ont été obligés de reconnaître la force et la pertinence de la mobilisation ce jeudi 13 janvier.
Dans le contexte de résignation et d’individualisme que nous connaissons depuis plusieurs années, c’est une assez bonne nouvelle qui prouve que l’action collective et la grève demeurent des outils de luttes qui peuvent modifier, même sensiblement, le cours des choses. La nécessaire concertation est ainsi réhabilitée, tout comme l’importance du service public trop longtemps dénigré.
Confrontée depuis deux ans à des protocoles sanitaires inadaptés et changeants, nous avons assisté ce jeudi à une mobilisation inédite au niveau de l’éducation : des enseignants du premier à ceux du second degré, des accompagnants d’élèves handicapés jusqu’aux inspecteurs, des chefs d’établissement aux côtés des infirmières scolaires, des Atsem jusqu’aux lycéens et même une grande partie des parents d’élèves.
Comme au niveau de la santé, le service public de l’éducation subit des restrictions budgétaires continue depuis 20 ans. Il ne peut plus faire face aux différents protocoles imposés par le gouvernement sans qu’aucun des moyens réclamés par les équipes éducatives et les parents d’élèves ne soit accordé aux établissements scolaires.
Des moyens en masques, capteurs C02, purificateurs d’air, et en savons doivent être fournis aux écoles. Des campagnes de dépistage massif, notamment salivaire, doivent être organisées au sein de l’ensemble des établissements scolaires avec des personnels de santé dédiés. La mise en sécurité sanitaire ne peut aujourd’hui se passer de moyens matériels et humains supplémentaires. Il faut recruter des enseignants, pour d’abord assurer les remplacements des personnels en arrêts, mais aussi réduire le nombre d’élèves par classe. Ceux-ci permettraient d'assurer AUSSI une meilleure qualité d'enseignement et une continuité pédagogique mise à mal depuis 2 ans maintenant pour lutter notamment contre les décrochages scolaires qui augmentent dangereusement. Il est temps que l’école redevienne un lieu protégé et non la variable d’ajustement d’une politique sanitaire en crise.
Si face à la mobilisation importante, le ton et la forme ont un peu évolué au niveau du gouvernement, il faut maintenant vérifier que les premières annonces se concrétisent rapidement sur le terrain et que les mesures en matière de recrutement et de renforcement des équipes se pérennisent.
Dans notre ville, Sophie Rigault et son adjointe à l’éducation (LREM) ont été très discrètes tout au long de cette semaine. Une communication à minima pour informer les parents sur les activités et les accueils périscolaires fermées, mais absolument rien pour soutenir clairement le mouvement très important dans la plupart des écoles de la ville, les deux collèges et le lycée. On attend maintenant que la municipalité, le conseil départemental et le conseil régional sollicitent pleinement les crédits mis à disposition par l’État pour équiper tous les établissements scolaires, dont ils ont chacun la charge, de capteurs CO2 et de purificateurs d’air, sans oublier les divers travaux de maintenance et d’entretien non effectués (des fenêtres bloquées qui ne permettent pas d’aérer les salles de classes, des toilettes hors d’usage fermées, du mobilier détérioré toujours pas remplacé dans certains restaurants scolaires…)
Agir avec plus de force
M. Blanquer refuse toujours de répondre aux revendications syndicales en matière de conditions de travail et de rémunérations. Durant ce mandat, 60 000 postes d’enseignants ont été supprimés. Depuis qu’il est ministre, il n’a cessé de saturer les personnels de l’éducation d’une communication visant surtout à ne pas traiter les problèmes fondamentaux pour une idéologie très droitière.
Quand les classes sont surchargées, les chauffages défaillants dans les écoles, les enseignants non remplacés, d’autres en stress et burnout, ce ministre nous inonde de ses bonnes paroles : "nation apprenante", "vacances apprenantes", "école ouverte", pour camoufler une politique éducative ne cherchant qu’à favoriser ceux qu’il appelle "les plus méritants", avec un œil en permanence sur l’évolution du CAC 40.
Il faut agir en faveur d’un projet moderne pour l’éducation, de lui consacrer une part suffisante de la richesse nationale qui permette de mettre fin à la ségrégation scolaire, aux décrochages massifs et souvent silencieux d’élèves qui quittent l’école sans diplôme, au mal-être enseignant en revalorisant leur travail et en les associant aux défis de l’enseignement et de l’éducation aujourd’hui, à la sélection et à la compétition organisée entre élèves.
L’école publique ne peut plus tenir avec des bidouillages permanents, soi-disant pour protéger l’économie… certes soutenir l’économie cela s’entend, mais pas aux prix de la désorganisation structurelle de l’école et d’une prise de risques évitable à l’égard des enfants et des enseignants.
Durant le prochain quinquennat nous pouvons reconstruire la voie professionnelle sous statut scolaire et qualifier les centaines de milliers d'ouvriers spécialisées, de techniciens indispensables à la bifurcation écologique de notre système productif. Métiers de la mer, du bois, des énergies renouvelables, de l'agriculture sont autant de filières d'excellences indispensables à notre futur.
Nous pouvons reconstruire une Ecole de l'égalité. Avec la gratuité réelle de l'éducation : des fournitures, des manuels, des sorties scolaires, des transports, des activités périscolaires. La gratuité de la cantine, offrant des repas issus d'une agriculture biologique, locale et paysanne. Avec la garantie que tous les élèves, quel que soit leur quartier ou leur village, reçoivent les mêmes enseignements et bénéficient des mêmes conditions d'accueil. Il faut recruter 190.000 personnels durant le prochain quinquennat : enseignants, infirmières et médecins scolaires, CPE, AESH, ATSEM, AED… C'est indispensable pour abaisser les effectifs par classe, garantir tous les remplacements nécessaires et mettre fin au scandale qui voit les élèves de Seine-Saint-Denis perdre en moyenne une année de cours durant leur scolarité faute de remplaçants en nombre suffisant. Pour atteindre cet objectif, il faudra restaurer l'attractivité du métier d'enseignant en augmentant leur salaire de 30% et en engageant un plan de pré-recrutement ouvert dès l'obtention du baccalauréat. Il faut reconstruire une Ecole véritablement inclusive en créant un service public de l'accompagnement des élèves en situation de handicap avec un nouveau corps de fonctionnaires, la titularisation des AESH et la fin de la mutualisation des accompagnements.