Réunis du 5 au 7 avril à Saint Nazaire, plus de deux cents représentants d’assemblées locales de Gilets Jaunes ont approuvé un texte qui positionne clairement ce mouvement dans le camp de l’émancipation humaine et du progrès social.
Déjà, début décembre 2018, l’appel de Commercy (voir ICI) puis « l’assemblée des assemblées » de la fin janvier 2019 en Lorraine, orientait les Gilets Jaunes vers un mouvement populaire de contestation des inégalités sociales et fiscale. Mais l’assemblée réunie à Saint-Nazaire, par sa masse et sa représentativité, fixe un positionnement politique, au sens plein du terme, de cette révolte qui a su perdurer en toute indépendance et se structurer par la base.
Pourtant combien d’éditorialistes des médias dominants ou pseudo experts des mouvements sociaux qualifiaient ce mouvement de « pré-fasciste » ! Il n’en est rien : les éléments d’extrême droite, présents dans le mouvement en novembre et décembre 2018 ont été progressivement isolés et marginalisés au cours du premier trimestre 2019. La tentation confusionniste du type du mouvement italien « 5 étoiles » a été également évitée. La conscientisation liée à l’action sur les ronds-points et aux manifestations du samedi a fait son œuvre. L’expression des Gilets Jaunes, au sens organique du terme, est clairement anti-capitaliste, écologiste et démocratique.
Cet élément est fondamental pour l’avenir. En effet, la crise et les limites du système capitaliste néo-libéral risque de connaître à brève échéance un nouveau pic. Vous trouverez donc ci-après ce texte important qui tord le cou aux tentatives pour discréditer ce mouvement inédit et isoler ses membres.
« Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble. À la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrémisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron. Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire. Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.
Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux, ainsi que des services publics pour tous et toutes. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons, fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.
Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.
Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux. L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.
Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination. Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine Assemblée des assemblées en juin.
Afin de renforcer le rapport de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.
L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et de nouvelles. Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée. Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.
Nous lançons plusieurs appels, sur les européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement. Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.
Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires, un nouveau mouvement social, écologique, populaire. La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.
Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Conscients que nous avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme. Ainsi nous construirons collectivement le fameux « toutes et tous ensemble » que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons toutes et tous ensemble à tous les niveaux du territoire.
Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. »
DERNIERE MINUTE /
Le jeudi 18 avril 2019 à 20h30 : "J’veux du soleil" le film-documentaire de François Ruffin et Gilles Perret sera à l'affiche à l'Espace Marcel Carné à Saint-Michel sur Orge. La projection sera suivie d'un débat en présence de Luc Fagnou, journaliste à Fakir, et deux représentants locaux des gilets jaunes.