Les questions éducatives, et c’est bien ainsi, reviennent très souvent lors des débats au sein du Conseil municipal. La plupart du temps, en effet, il apparaît nécessaire, toutes sensibilités politiques confondues, d’interpeller l’Education Nationale sur divers problématiques, pour défendre le statut des enseignants ou obtenir davantage de moyens pour les écoles, nos deux collèges et le lycée. Lors de la séance du 28 mars trois motions étaient soumises au vote.
*La première, à l’initiative de notre groupe Saint-Michel en commun / Alternative citoyenne portait sur le projet de loi pour une « école de la confiance » voté en première lecture par l’Assemblée Nationale le 19 février. Dans ce texte s’est glissée une mesure lourde de conséquences qui rompt le lien entre l’école et la commune. Cette mesure, apparue sous la forme d’un simple amendement, a permis d’échapper à la fois à l’avis du Conseil d’Etat, à la discussion en commission parlementaire et à l’étude d’impact qui aurait permis aux députés de se prononcer en connaissance de cause. Le gouvernement prend pour prétexte la nécessité de conforter les liens entre l’enseignement primaire et secondaire. Mais au lieu de renforcer les dispositifs existants qui facilitent ces liens, ce texte fait disparaître les directrices et directeurs d’écoles élémentaires. Le principal du collège se verrait attribuer les compétences de directeur d’école, devenant ainsi l’unique directeur de toutes les écoles du bassin de recrutement de son établissement. De ce fait, les parents et les élu-e-s communaux perdront leur interlocuteur représentant l’Education Nationale dans les écoles. Alors que nous avions adressé le 20 mars à l’ensemble des conseillers municipaux notre projet de motion pour dire notre opposition à cette mesure, le chef de cabinet du maire nous a adressé la veille du Conseil municipal une autre version, modifiant totalement notre texte. A travers des formulation édulcorées, la municipalité minimise totalement la menace en s’appuyant sans doute sur des déclarations du ministre qui laisse entendre que des aménagements sont possibles. Comme nous souhaitons nous concentrer sur l'essentiel, l'intérêt général et notre commune nous avons accepté cette version du texte mais en imposant dans la conclusion une révision profonde du projet de loi, ce qui a finalement été accepté de manière un peu confuse. Voici donc le texte final, voté à l’unanimité par le Conseil municipal.
« Le projet de loi pour une « école de la confiance » actuellement en discussion au parlement, prévoit plusieurs modifications de fonds dans notre système scolaire. Parmi elles, la création des « Etablissements Publics des Savoirs Fondamentaux » (EPSF), qui seraient constitués des classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles du secteur de recrutement de ce collège. Ce dispositif a d’ores et déjà été testé dans le monde rural, où la nécessité du rapprochement administratif des établissements scolaires est évidente. Le projet de loi Blanquer ouvre désormais cette possibilité à toutes les écoles, y compris en zone urbaine. Il prévoit que le regroupement des écoles dans un EPSF est décidé par le préfet et les collectivités locales, après avis de l’autorité locale compétente en matière d’éducation. Le projet de loi prévoit que l’EPSF est dirigé par le principal du collège, seul chef de l’établissement. Il pourra être secondé par un ou plusieurs directeurs adjoints dont un dirige les professeurs des écoles. Ce directeur adjoint en charge des professeurs des écoles ne peut pas être un directeur d’école et devra avoir été lui-même professeur des écoles dans une carrière antérieure et avoir été reçu au concours de personnel de direction.
Considérant que le texte de loi n’est pas clair sur le devenir des directeurs d’école ;
Considérant que les directeurs d’écoles sont les partenaires privilégiés de la Ville et leurs interlocuteurs au quotidien
Considérant que le renforcement des liens entre écoles et collège est nécessaire, pour le suivi pédagogique des élèves,
Considérant qu’il ne peut y avoir de suivi efficace sans interlocuteur de proximité
Après en avoir délibéré, le Conseil municipal de Saint-Michel sur Orge décide d’alerter les pouvoir publics, notamment le ministre de l’Education Nationale et les parlementaires de l’Essonne sur la nécessité de revoir profondément ce texte afin de maintenir un lien fort, régulier et de proximité entre les écoles, les parents et les communes, via les directeurs d’école ».
*La seconde motion, adoptée à l’unanimité porte sur une demande de classement en Réseau d’Education Prioritaire (REP) du collège Nicolas Boileau et liste plusieurs remarques sur la DGH (Dotation Globale Horaire) 2019. Voici l’intégralité du texte voté :
« Le collège Nicolas Boileau connaît depuis plusieurs années des difficultés croissantes. Or, la DGH (Dotation Globale Horaire) allouée pour l’année 2019-2020 prévoit la suppression d’une division de 3ème. Les effectifs actuels de 4ème dépassent les 150 élèves ce qui laisse supposer des classes de 3ème à plus de 30 élèves. Les résultats du brevet 2018 ont montré les grandes difficultés des élèves puisque le taux de réussite atteint à peine 67 %, résultats bien en-dessous de ceux de l’académie et de certains collèges de REP du département (84%). Aujourd’hui, 75 % des élèves sont issus de classes sociales défavorisées et un bon nombre d’entre eux viennent de familles non francophones. 41% des élèves sont boursiers, contre seulement 19 % pour l'académie et 21 % pour le département. Le collège Boileau accueille une classe d’UPEAA (Unité Pédagogique d’Elèves Allophones Arrivant : classe d'accueil pour des élèves qui ont besoin d'apprendre le français parce qu'ils viennent d'autres pays) dont les élèves sont intégrés dans les classes ordinaires au cours de l’année ainsi que des élèves à besoins particuliers, dont des EIP (Elèves Intellectuellement Précoces).
De façon à améliorer l’intégration des élèves allophones, les enseignants ont utilisé 10 heures sur la DGH. Ils disposent également d’un dispositif FOQUALE (Formation QUALification Emploi : lutte contre le décrochage scolaire) qui mobilise 5 heures. Il est essentiel pour cet établissement de mettre en œuvre des pédagogies différenciées pour répondre aux besoins hétérogènes des élèves.
Dans ces conditions, la DGH proposée semble insuffisante et la Ville s’associe à la demande de l’établissement d’obtenir des moyens supplémentaires afin de maintenir les six divisions de 3ème et les différents dispositifs mis en œuvre par l’établissement. Par ailleurs, un deuxième poste de CPE est attribué au collège depuis 2017-2018 mais seulement de manière provisoire. Or la gestion des difficultés s'avère très lourde. Les carences éducatives se renforcent et sont accentuées par des situations familiales complexes et difficiles. L'ambiance générale se dégrade même pendant les cours. Le personnel de l’établissement recense de nombreux actes d’incivilité. L'augmentation d'incidents graves est visible par le nombre croissant de conseils de discipline. De plus en plus d'élèves ne reconnaissent plus l'autorité des professeurs comme celle des adultes de l’établissement. La gestion des incidents réputés graves est assurée par un ensemble de dispositifs préventifs prenant en compte la diversité des élèves dans un climat de bienveillance. Malgré toute la mobilisation du personnel enseignant et administratif du collège, le contexte difficile les inquiète pour exercer leurs missions éducatives au sein de l'établissement. C’est pourquoi il nous paraît essentiel que ce deuxième poste de CPE devienne pérenne.
D’autre part, l’important renouvellement de l’équipe enseignante ces trois dernières années ne permet pas de mener à bien des projets pérennes. En effet, la moyenne d'ancienneté ne cesse de baisser depuis plusieurs années (5,4 ans actuellement). 43,5 % des enseignants travaillent au sein de l'établissement depuis moins de 2 ans et quand un enseignant à moins de deux ans dans l'établissement, dans la très grande partie des cas, il est aussi très jeune dans la fonction (beaucoup de titulaires 1ère année et de stagiaires arrivent dans l'établissement). La Ville se joint au personnel du collège Nicolas Boileau pour obtenir des réponses face aux nombreuses difficultés rencontrées. Aujourd’hui, le label « collège à attention particulière » ne suffit plus, car force est de constater que le collège Nicolas Boileau présente tous les indicateurs des établissements classés en Réseau d’Education Prioritaire, dont les avantages permettraient de garantir une meilleure réussite aux élèves. La Ville se joint donc au collège pour demander une révision de la DGH pour l’année 2019-2020 et le classement de l’établissement en REP et a déjà entamé les démarches auprès de la DSDEN91 pour appuyer cette demande de classement ».
*La troisième motion concerne l’extension du dispositif « école à attention particulière » aux écoles maternelles Lamartine, Blaise Pascal et Descartes. Vous trouverez ci-dessous le texte qui lui aussi a été voté à l’unanimité.
« Depuis la révision de la carte de l’Education prioritaire en 2014, trois écoles élémentaires de Saint-Michel-sur-Orge, situées dans le quartier dit « en veille », bénéficient du dispositif « attention particulière ». Ce dispositif permet la décharge complète des directeurs des écoles et des effectifs allégés dans chaque classe.
Considérant que les classes sont saturées, à savoir une moyenne de 28 à 30 enfants par classe puisque les écoles maternelles Blaise Pascal, Lamartine et Descartes comptent respectivement 180, 180 et 199 élèves répartis sur 6 ou 7 classes.
Considérant que les effectifs vont encore augmenter dans les prochaines années du fait de l’arrivée de nouveaux habitants dans les quartiers concernés,
Considérant que ces écoles accueillent des populations du secteur prioritaire ainsi que des quartiers en veille,
Considérant que les élèves présentent des difficultés éducatives, sociales et linguistiques nécessitant un accompagnement régulier et important de la part des enseignants et qu’une classe de 30 élèves dès la maternelle ne permet pas l’efficience de ce suivi,
Considérant que certaines familles sont isolées et porteuses de problématiques qui nécessitent des échanges avec les équipes d’enseignants et notamment le directeur d’école,
Considérant que le dispositif d’attention particulière permettrait non seulement aux directeurs déchargés d’accompagner les élèves et les familles les plus fragiles dès leur plus jeune âge mais également dans des classes aux effectifs allégés de pouvoir travailler sur les apprentissages et l’accompagnement éducatif des élèves.
Après en avoir délibéré, le conseil municipal de Saint-Michel-sur-Orge demande que le dispositif « école à attention particulière » soit étendu aux écoles maternelles Blaise Pascal, Lamartine et Descartes ».