Déconfinement : avancer, s’adapter et décider en toute transparence
Comme annoncé par le Premier ministre, le déconfinement sera très limité à compter de ce lundi 11 mai. La situation reste très fragile dans notre département de l’Essonne, classé rouge. Les inquiétudes restent fortes parmi tous les gens que j'écoute et rencontre.
Une grande défiance s’est installée, compte-tenu en particulier des discours souvent imprécis et les injonctions contradictoires du Président et des différents membres du gouvernement. D’un autre côté, les maires et les présidents de département et de région s’agitent beaucoup. Les uns sont encore en campagne électorale, les autres commencent déjà à y entrer dans la perspective des élections prévues en mars 2021. S’ils incriminent, souvent à juste titre, les incohérences du gouvernement et les lourdeurs de l’État, beaucoup d’entre eux font preuve d’un certain cynisme. Après avoir fait pression sur le gouvernement pour être davantage respecté et écouté, une posture ambigüe se déploie. Alors que le gouvernement, souvent dépassé, leur confie un certain nombre de décisions à prendre « au plus près du terrain », certains veulent aussi à être dégagé de toute responsabilité si jamais l’exécution est défaillante. Alors que ces chefs d’exécutifs locaux ont obtenu le pouvoir de décider seuls, sans réunir la plupart du temps les assemblées (conseil régionaux, départementaux et municipaux), ils ne veulent pas que leurs décisions soient contestées et attaquées. Ils veulent bien être responsables, mais en aucun cas coupables, si les mesures prises ou l’absence de précautions se révèlent néfastes. En plein désastre sanitaire (déjà plus de 25 000 morts dans notre pays) je trouve assez consternant de voir des élus locaux mobiliser les parlementaires pour que ceux-ci légifèrent sur des dispositions qui s’apparentent fortement à une auto-amnistie…
La situation est complexe, de nombreuses mesures prises au niveau sanitaire et économiques sont nécessaires, d’autres sont insuffisantes, notamment pour renforcer les services publics et beaucoup en matière de libertés publiques demeurent très discutables. Mais il manque incontestablement un volet social, tant la situation des personnes les plus en difficultés s’aggrave rapidement. Un moratoire sur les loyers et les charges, notamment dans le secteur HLM est indispensable. Si 12 millions de salariés sont au chômage partiel (pour combien de temps ?), beaucoup d’autres (intérimaires, vacataires, CDD…) n’ont plus rien, et pour beaucoup n’ont droit à rien. Demain beaucoup de commerçants, artisans, petites entreprises vont déposer le bilan. D’autres ne seront pas en capacité de reprendre la totalité de leur activité, car la consommation sur un certains nombre de produits ne va pas repartir aussi rapidement… Dans le moment que nous visons, tout est urgent. Mais l’Etat ne peut pas uniquement concentrer toute son attention et la plus grande partie des crédits aux grandes entreprises.
Au niveau communal, nous avons limité volontairement notre expression depuis ce premier tour des élections municipales qui n’aurait pas dû se dérouler et qui n’a pas permis une expression large des électeurs (7 985 abstentions sur 12 409 électeurs inscrits). Nous avons au contraire considéré que l’urgence commandait d’être disponible pour répondre aux besoins des habitants et assurer la continuité d’un minimum de service public. Nous prenons donc notre part dans les mobilisations solidaires et concrètes du quotidien. Par contre, nous ne sommes pas du tout associés aux décisions prises par le maire. A ce jour les conseillers municipaux du précédent mandat et les nouveaux élus ont reçu 4 courriels d’informations générales et très partielles du maire, les 22 et 31 mars, 6 et 22 avril. En tant que président de groupe et tête de liste, j’ai eu droit à une courte visioconférence avec le maire le 1er mai, puis à un échange avec sa directrice de cabinet le 6 mai. A chaque nous avons confirmation de décisions déjà prises, parfois nous obtenons quelques précisions, mais la plupart du temps, toute ces informations ont déjà été diffusées ou sont diffusé en même temps sur les réseaux sociaux, puis sur le site internet de la ville. Nous ne disposons d’aucune note ou d’aucun rapport sur les données et les paramètres qui conduisent aux décisions annoncées. A cette étape, au fur et mesure que le maire communique, les élu-e-s du conseil municipal sont réduits à un simple rôle de spectateur.
- Nous prenons donc acte du maintien de la fermeture des équipements petite enfance et des écoles maternelles, sauf accueil minimum pour les enfants des personnels soignants, policiers, pompiers… etc.
- Les conditions d’ouverture à compter du 18 mai des écoles élémentaires et des accueils périscolaires (lire ICI), interpellent sur de nombreux aspects malgré l’énorme travail et la réactivité exemplaire des fonctionnaires municipaux et des enseignants. En un temps record, des protocoles sanitaires théoriques ont été élaborés dans chaque école. Pour garantir leur mise en pratique et leur efficacité optimale, il est impératif que la municipalité et l’Education nationale mettent les moyens humains et matériels suffisants. Le dispositif mis en place ne peut fonctionner qu'avec un nombre limité d’élèves sur volontariat des parents. C’est un vrai dilemme pour beaucoup d’entre eux. Certains n’auront pas le choix. D’autres, parce qu’ils travaillent à distance ou ne travaillent pas, pourront ne pas mettre leurs enfants à l’école. Au-delà d'une vigilance quotidienne, une évaluation précise devra être faite à la fin du mois de mai. L'école ne peut pas rester longtemps une juxtaposition limitée d’élèves, bloqués sur leurs sièges distants, et à qui on fournit des travaux individuels...
- La question du décrochage scolaire d’un grand nombre d’enfants, tant en primaire, qu’au niveau des collèges et lycées qui restent fermés, ne semble pas être suffisamment pris en compte par l’Éducation nationale, faute une nouvelle fois de l’insuffisance des moyens déployés.
- Le cimetière va désormais être ouvert aux horaires habituels à compter du 11 mai, mais l’agence postale communale du quartier ancien reste fermée.
- La décision d’arrêter les enseignements délivrés au conservatoire de musique et de reporter les examens après les vacances de la Toussaint vient d’être annoncée aux parents de façon très hâtive.
- Nous souhaiterions que soit précisé rapidement les dates et horaires d’ouverture de la médiathèque, désormais autorisée par le gouvernement.
- Enfin, l’absence de transparence sur la gestion des stocks de masques, sur la répartition et les modalités de distributions aux Saint-Michellois interroge. J’ai déjà demandé à deux reprises au maire et à sa directrice de cabinet la communication d’un tableau récapitulatif sur le nombre de masques fournis par le Conseil régional et le Conseil départemental, le nombre de masques achetés par la ville, en lien avec l’agglomération, le nombre de masques confectionnés par des bénévoles grâce à l’appui du centre social, les coûts des différents achats, les modalités de répartition des distributions et de gestion prévisionnelle des stocks...
Je ne prétends pas avoir réponse à tout et savoir quelles sont les meilleures dispositions à prendre. Il y a beaucoup de contraintes, pas mal d’incertitudes, beaucoup d’interrogations et pas mal de choses qui évoluent. Mais justement, à chaque étape, toute les décisions prises doivent être évaluées, en toute transparence, pour pouvoir être adaptées et améliorées, en maintenant bien évidemment les précautions pour vaincre la pandémie. Mais encore faut-il que nous puissions collectivement (élu-e-s, administrations, acteurs associatifs…) échanger, partager, confronter, réfléchir, avant de décider la mise en œuvre. Je pense que nous gagnerions TOUS en efficacité et qu’ainsi nous pourrions redonner un peu de confiance à tous les habitants.