Après trois ans de flottement espacé puis deux ans d’interruption, la municipalité organisait les 11, 12 et 13 mars une réunion publique pour chacun des trois conseils de quartier (CQ). Partisan de la nécessaire implication des citoyens dans la vie locale, je me suis fait un devoir de participer à ces trois réunions, même si je ne me faisais aucune illusion sur la réelle volonté du maire de favoriser concrètement la démocratie participative. D’ailleurs, elle n’a même pas daigné assister à ces réunions…

En dehors de quelques élu-e-s de la majorité et de notre groupe, j’ai compté 26 personnes présentes au CQ n°1, 19 au CQ n°2 et 8 au CQ n°3. Cette très faible participation n’est hélas pas surprenante. Depuis la nouvelle organisation mise en place par la droite en 2014, la ville qui comptait antérieurement 7 Conseils de quartier, a été divisée en trois immenses secteurs d’environ 6 000, 8 500 et 6 500 habitants chacun (voir la carte en illustration). Le CQ n°1 couvre toute la moitié de la ville à l'ouest de la voie ferrée (quartiers Boqueteau, Lormoy, Grouettes, quartier ancien et Glaises). Le CQ n° 2 comprend les quartiers des Sablons, de Pablo Picasso, Gambetta, Bellevue et la majeure partie du Bois des Roches. Le CQ n°3 regroupe les quartiers de la Fontaine de l’Orme, de Villagexpo, des Genêts, de Montatons et une partie du Bois des Roches. Difficile dans ces conditions d’être dans la proximité de ce qui fait la vie quotidienne des gens sur des espaces aussi étendus, avec des configurations d’habitat, d’équipements, de commerces, de circulation, d’espaces publics et de transports qui n’ont bien souvent que peu de points communs.
De même la confusion est à son comble sur le rôle exact des quelques habitants tirés au sort, responsables d’associations cooptés, commerçants et professions libérales volontaires ou « personnalités qualifiées » désignées par le maire, pour former chaque conseil de quartier. Au-delà du tripatouillage peu glorieux pour composer ces instances, je constate simplement que chaque CQ devait comprendre 15 membres, et qu’en fait ils ne sont que 11 au CQ1 et 8 au CQ2 et au CQ3. Enfin comment espérer mobiliser les Saint-Michellois quand l’annonce de ces réunions reste confidentielle ? Aucune affiche dans la ville, un petit encart illisible en page 29 du magazine municipal de mars, mais sans aucune indication sur les limites des trois quartiers, une apparition sur la une du site internet de la ville au dernier moment et seulement quelques messages peu attractifs sur la page facebook de la ville, toujours accaparée par la communication personnelle du maire !

Par contre, je vous annonce dès à présent le lancement d’une grande campagne de communication sur la création d’un « budget participatif ». Il apparaît très clairement que ces trois réunions étaient spécialement conçues pour lancer ce dispositif, dont les modalités très alambiquées et le calendrier très serré n’ont jamais été présentées aux membres des conseils de quartier et encore moins au Conseil municipal. D’ailleurs, la portée de cette opération gadget est limitée : un total de 30 000 € disponibles (sur un budget de 38 millions !) pour quelques projets émanant des habitants, mais qui en définitive seront choisis par le maire. D’ailleurs, les présentations faites dans chacune des réunions par Mme Mosnat, MM Delpic et Gourgues furent très fastidieuses. Les trois protagonistes n’étaient visiblement pas très convaincus par la portée de ce dispositif, comme d’ailleurs la plupart des personnes présentes… Je ne m’attarderai donc pas ici sur les détails de ce dispositif, que vous pouvez retrouver (en bonne place cette fois !) sur le site internet de la ville. C’est ICI.

Je souhaite au contraire vous informer des principaux autres sujets, bien plus conséquents et beaucoup plus concrets, qui ont pu être abordés.

Conseil de quartier n° 1 / lundi 11 mars 2019

Travaux et stationnement rue de Montlhéry
Joseph Delpic, adjoint au maire en charge de la voirie et du cadre de vie, a donné une information très succincte (et non chiffrée) concernant les travaux prévus cet été sur la totalité de la rue de Montlhéry (RD 46) de la gare à la vallée de l’Orge. La réfection des trottoirs va être effectuée par l'agglomération sur six semaines, puis le Conseil départemental va procéder à la pose d'un nouveau tapis sur la chaussée sur deux semaines. A la grande surprise des habitants, mise à part la suppression annoncée de deux places de stationnement en face l'agence du Crédit mutuel, les travaux se feront sans modifier la configuration actuelle. Plusieurs personnes ont regretté que tout soit déjà bouclé sans concertation. Des habitants sont intervenus pour rappeler l'étroitesse de tous les trottoirs du quartier ancien, évoquer la mauvaise gestion du chantier de réparation de canalisation l'été dernier (déroulement, signalétique, riverains bloqués...), regretter l'absence de réaménagement et de travaux sur la place Jules Ferry, interpeller sur les dangers du passage piéton sous le tunnel de la voie ferrée et demander la limitation de vitesse à 30km/h sur la totalité du quartier.
D'autres questions fusent : Un habitant de la rue des Tiphoines se plaint de multiples démarches pour des marquages au sol qui ne débouchent sur rien, alors que les problèmes de stationnement vont être cruciaux lors de la livraison de l'immeuble « Jardin d'Anaïs » (41 logements). L’allée des Saugées, en haut du quartier des Glaises, est dans un état lamentable. M. Delpic annonce le bouchage des principaux trous en 2019 et la rénovation totale « peut-être 2020 ou 2021 ».

Travaux du quartier de l'Hôtel de Ville
Après le lancement de la construction des immeubles pour 108 nouveaux logements, il est indiqué que les travaux pour l'extension du parking Jean Vilar (à la place des terrains de tennis) ont pris un peu de retard. La municipalité annonce pour la mi-mars le lancement des travaux de voirie devant l'Hôtel de Ville (1,2 M€ !) en trois phases (de mi-mars à mai : refonte du parvis devant l'Hôtel de Ville ; de mai à fin août : réaménagement du parking face à la mairie et d'août à décembre 2019, mise au même niveau de l'ensemble sur la rue de l'Eglise, qui sera alors totalement en double sens). M. Delpic confirme la mise en place d'un feu tricolore rue d'Enfer pour réguler les entrées et sorties du parking Jean Vilar qui comprendra 105 places. Plusieurs habitants expriment leur mécontent, car ils ne sont jamais consultés avant. Certains rappellent l'absence de choix lors de la consultation limitée à deux projets quasi semblables en juin 2016 et la modification imposée du Plan Local d’Urbanisme. Le flux de circulation automobile va considérablement augmenter sur la rue d'Enfer, déjà très étroite, aucune amélioration n’est prévue pour les trottoirs du quartier ancien très fréquentés par les enfants et les ados qui vont à l'école Jules Ferry et au collège Jean Moulin. Je suis intervenu pour faire remarquer que sur la totalité du secteur, il y aura seulement 20 places de stationnement publics supplémentaires (si on en crée 65 en rognant sur le parc Jean Vilar, on en supprime une quarantaine sur le parking devant l’Hôtel de Ville), alors qu'il y a plus de 230 logements construits ou en cours de construction. J’ai rappelé également qu’aucune réflexion n’était menée pour créer des pistes cyclables protégées.
Puis le flou demeure sur les conditions d'installation de commerces et d’activités au rez-de-chaussée du nouvel immeuble face à la mairie. La municipalité confirme la création d’un relais assistante maternelle, qui ne répond pas du tout aux demandes exprimées sur l’absence d’équipement petite enfance sur cette partie de la ville. Pour le reste, Georges Gourgues, adjoint au maire en charge des finances, qui a eu beaucoup de difficultés à présider sereinement la réunion, a indiqué que la municipalité attendait « un retour du promoteur début avril » sur la commercialisation des autres surfaces. Le Docteur Lepetit est alors intervenu pour présenter son projet de maison médicale. Il n'y a plus que deux médecins généralistes en activité sur l'ensemble du quartier. Chaque jour, ils refusent de nouveaux patients. Ils doivent prendre tous les deux leur retraite dans cinq ans et souhaitent donc dès à présent s'associer à deux autres médecins dans un nouveau local. Le promoteur Promogim leur a d'abord proposé trois appartements d'une surface totale de 150 m² pour 600 000 €. C’est beaucoup trop cher et inadapté. Ils se sont donc positionnés sur un local commercial de 162 m² (environ 200 000 € à l'achat, plus 100 000 € d'aménagement). Mais le promoteur aurait indiqué qu’il est impossible d'y implanter des professions libérales. Ce que conteste un autre habitant qui a obtenu un accord de principe pour un cabinet d'avocat. La municipalité ne semble pas être informée de ce dossier. Confusion générale dans la réunion…

Questions diverses
La fin de la réunion a été assez décousue. Plusieurs personnes ont successivement quitté la salle, assez mécontentes. Je résume les principales informations données et les questions restées en suspens.

  • Concernant la procédure de déclaration de catastrophe naturelle suite à la dernière sécheresse, il est indiqué que 46 dossiers ont été déposés par les St Michellois, puis envoyés à la préfecture le 25/01/2019 et transmis le 25/02/2019 au ministère de l'intérieur. La décision serait donc en attente pour un éventuel arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle...
  • Un membre du CQ a ensuite contesté la délibération du conseil municipal sur le périmètre d'étude définit pour le quartier ancien qui donne au maire un pouvoir discrétionnaire important pendant deux ans pour "geler" ou pas des autorisations de travaux et des permis de construire. Silence gêné des élus de la majorité…
  • En réponse à une question sur le déploiement de la fibre optique, Joseph Delpic explique les différences entre la zone verte (réseau public, via la société Covage), et la zone rouge (SFR), puis annonce la fin de la commercialisation « tout au long des années 2019 et 2020 ».

Conseil de Quartier n°3 / mardi 12 mars 2019

Point sur le stationnement, la vitesse et la traversée des piétons aux abord de l'école Lamartine
Un habitant est intervenu pour évoquer les stationnements gênants sur le trottoir à l'angle de la rue Lecocq et de l'allée Éric Satie, la vitesse importante dans la rue malgré les aménagements de voirie, l'indicateur de vitesse souvent en panne. Il s'est interrogé sur la présence de l'agent municipal pour faire traverser les enfants sur le passage piéton à côté du feu près de l'école, alors qu'ils sont beaucoup plus nombreux à traverser au passage situé à l'entrée de la rue Lecocq pour notamment tous ceux qui viennent à pied de la Fontaine de l'Orme. Je suis intervenu pour rappeler à M. Delpic que toutes ces problématiques avaient déjà été évoquées par plusieurs habitants en avril 2017 lors de la présentation des travaux qui ont été effectués sur la rue Lecocq l'été 2017. Comme le projet était déjà ficelé, rien n'a été modifié... et deux ans après les questions resurgissent.

Point sur le QPV (Quartier prioritaire de la politique de la ville) et le Conseil citoyen
En fait les informations données par le directeur de cabinet du maire n’ont concerné que l'origine et le rôle des conseils citoyens, qui sont prévus par la loi dans tous les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) comme c'est le cas à St Michel pour la résidence Boieldieu Bizet. Il a précisé que la mairie n'intervenait pas au niveau de cette instance, car la politique de la ville est de la compétence de l'agglo. Par ailleurs il a indiqué que ce conseil doit être indépendant du « politique ». Il a reconnu la difficulté pour trouver des citoyens volontaires pour y participer et donc que cette instance est « difficile à faire vivre ». Plusieurs participants et moi-même insistent sur le fait qu'il aurait été intéressant que les membres de ce conseil citoyen soient invités à se présenter lors de ce conseil de quartier. Personne ne sait qui en fait officiellement partie. Puis un habitant, co-propriétaire dans la résidence Boieldieu - Bizet demande si la ville est informée qu'un bail emphytéotique a été récemment retrouvé. Ce document préciserait que la ville est propriétaire des bâtiments de cette résidence et en a confié la gestion jusqu'en 2056 à l'ex SAPE, devenue "Coopération et famille", aujourd'hui regroupée au sein de la nouvelle structure "Mille et une vie". Le directeur de cabinet du maire a confirmé que la municipalité dispose effectivement de ce document qui fait l'objet d'une analyse juridique pour connaître en les conséquences…

Les principales questions diverses

  • Membre du CQ, le pharmacien installé au centre commercial des Genêts, indique que le tabac-presse va fermer définitivement en fin de semaine. Après le départ du coiffeur et de l'auto-école, il est très inquiet sur le devenir de ce centre qui se dégrade fortement. Il indique qu’il n'est pas sûr « de tenir plus de deux ans encore » et qu’il « va essayer de survivre »…
  • Un conseiller de quartier évoque la pose de plots à l'intersection de la rue et de l'impasse des Montatons qui a supprimé des places de stationnement, sans améliorer la sécurisation de la circulation. La municipalité a déjà été interpellé il y a plusieurs mois et devait organisée une réunion sur place avec les riverains concernés
  • Enfin, je suis intervenu pour signaler sur l'allée Francis Poulenc la récurrence de voitures épaves sur le parking, la détérioration des lampadaires et donc l'absence d'éclairage, ainsi que le mauvais entretien du bois. Même si tout ceci est sur le patrimoine du bailleur, la municipalité devrait quand même intervenir auprès de lui.

Conseil de Quartier n°2 / mercredi 13 mars 2019

Point sur le dispositif « action cœur de ville »
Mme Mosnat, première adjointe au maire, a rappelé « la chance pour la ville d'avoir été retenue dans ce dispositif » suite aux études lancées en 2015 par l'EPARECA sur la revitalisation du centre commercial et l'étude urbaine confiée au cabinet Ellipse afin « d'imaginer un autre quartier ». Elle a indiqué qu'à la suite de la convention signée en juin dernier avec l'ensemble des partenaires (dont le bailleur social Plurial Novilia qui vient d'acquérir et va faire rénover 600 logements), des fiches - actions vont être élaborées au deuxième semestre 2019 dans un avenant pour la période 2020 /2025. Elle annonce dans l'immédiat le lancement des travaux au mois d'août pour le réaménagement de la rue Berlioz et des places Püttlingen et Berlioz dans le cadre d'une « action mature » pour plus de 2 M€. Plusieurs questions sont soulevées

  • Pourquoi commencer par l'aménagement des abords avant de restructurer le centre commercial ?
  • L'avenir du centre passe-t-il uniquement par du commerce, alors qu'il manque des services publics et des locaux pour les associations ?
  • Quelle est la place des habitants dans la rénovation du quartier ?
  • Quel est l'engagement réel du groupe Géant Casino dans cette opération quand on voit de quelle manière le groupe Amazon se désengage des promesses d'emplois faites lors de son implantation sur l'agglomération ?
  • Pourquoi les différentes études ne sont pas présentées aux habitants ?
  • Pourquoi n'y a-t-il pas lors de ce Conseil de quartier la présentation des plans et des phases de travaux pour cette « action mature » ?
  • Pourquoi a-ton supprimé une place de stationnement réservée aux personnes à mobilité réduite rue Berlioz ?
  • Que compte faire la municipalité face à la présence récurrente de groupes de jeunes aux entrées du centre commercial et aux sentiments d'insécurité qui se développe ?

En réponse, Mme Mosnat et le directeur de cabinet du maire ont évoqué tour à tour la complexité du dossier, la multitude de partenaires, les imbroglios juridiques à lever, le besoin de nombreuses expertises et la nécessité de montrer avec le lancement de ces premiers travaux que la commune « commence à agir et qu'un projet va sortir ». Je suis intervenu pour répondre que cet argument avait déjà été utilisé il y a 15 ans lorsqu'on nous expliquait que l'implantation du Mac Do était le point de départ pour le renouveau du centre commercial !

Point sur l'ancien garage Gambetta
La municipalité a confirmé, sur ce site réservé par la ville, le projet de liaison douce entre le mail Gambetta et la gare, sans aucun échéancier et ni budget. Le nettoyage en surface a été fait, mais il n’y a pas encore eu de désamiantage du bâtiment et de dépollution du sol. Des habitants évoquent des nuisances autour du G20, des dépôts sauvages récurrents et l'absence d'éclairage sur le parking rue Peuvrier. M. Delpic indique que la ville est simplement locataire de ce parking qui appartient à la SNCF. Je lui réponds qu'en tant que locataire, la ville est en droit de réclamer l'éclairage du lieu au propriétaire !

Point sur le bois Francolon
La municipalité a annoncé le remplacement de la clôture du Bois Francolon, sans être en mesure de préciser si ce remplacement concerne aussi le fond de la parcelle. Plusieurs habitants ont signalé des dépôts sauvages au milieu du bois et la nécessité de le nettoyer. Il a également été demandé si un trottoir serait aménagé devant le long du bois. M. Delpic a indiqué que ce n'était pas prévu au budget 2019. Il a été rappelé à la municipalité que les containers des déchets des résidences du mail Gambetta restent souvent sur le trottoir de la rue St Exupéry ce qui oblige les piétons à marcher sur la rue et ce qui limite également la visibilité des voitures qui sortent de la venelle du square.

Une question diverse est acceptée : Quels sont les projets de la municipalité concernant les locaux de l'ancienne bibliothèque, avenue Saint Saens, fermée depuis octobre 2017 ? Après reformulation de la question, Mme Mosnat finit par dire que « pour l'instant, il n'y a pas de projet arrêté » et clôt la réunion !

Ce compte-rendu personnel n’a pas la prétention d’être exhaustif. J’ai résumé au mieux les principaux échanges, mais plusieurs autres questions ont également été abordées. A chaque point, la municipalité a indiqué « prendre note » des observations et des questions. Nous aurons peut-être des réponses à l’occasion de la diffusion d’hypothétiques comptes-rendus officiels. Quant aux dates des prochaines réunions des Conseils de quartier, rien n’a été annoncé. Il est à craindre une nouvelle mise en sommeil, à l’approche des élections municipales…

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