URGENCE pour la santé !

J’étais ce matin devant l’hôpital de Longjumeau, à l’appel du comité de défense des Hôpitaux du Nord Essonne. Ce nouveau rassemblement avait pour objet de contester la fermeture du service d'urgences pédiatriques de l'hôpital d'Orsay pour le rattacher à celui de Longjumeau. Ces services sont pourtant un complément indispensable au bon fonctionnement de la maternité d’Orsay qui assure environ 1200 accouchements par an. 

Une décision aberrante prise dans le seul objectif d’économie budgétaire. La situation demeure extrêmement tendue sur les trois sites de Juvisy, Longjumeau et Orsay. Pourtant la Covid 19 a démontré la nécessité de l’activité de ces 3 hôpitaux de proximité avec 60 lits affectés à Juvisy, 180 à Longjumeau, et 80 à Orsay pour assurer les soins aux malades. Mais en application des directives de l’Agence Régionale de la Santé, 56 lits viennent d’être supprimé à Juvisy et 30 lits de réanimation sur 36 ont été fermé à Longjumeau. Cette casse de l’Hôpital public se poursuit alors même que le gouvernement est dépassé par la crise sanitaire. La prévention, avec la nécessité de « tester, tracer et isoler », a été un fiasco. Et puis, surtout, parce qu’il n’a rien fait pour réarmer le système hospitalier. Tout le monde savait que les hôpitaux auraient fort à faire en cette rentrée. Outre la deuxième vague, annoncée, il leur faut rattraper les retards pris sur les opérations qui ont été déprogrammées en mars-avril. Ils doivent absorber les pathologies habituelles de l’automne, comme la grippe saisonnière. Cela avec un personnel éprouvé et soumis, lui-aussi, au risque du Covid-19. Comparé à la période de mars-avril, il n’y a pas de places supplémentaires en réanimation et pas de renforts spéciaux pour les autres services. Certains hôpitaux se retrouvent encore obligés de décommander des opérations pour éviter la saturation !

Après avoir été applaudis, les hospitaliers sont priés de sacrifier leurs jours de repos, de reporter leurs congés posés pour les vacances de la Toussaint et de revenir travailler même s’ils sont positifs au Covid. Ils sont de nouveau envoyés au front en manquant de bras. Dans certains établissements, ils courent même après les respirateurs !

La crise de l’hôpital ne date pas d’hier. Les personnels hospitaliers tirent la sonnette d’alarme depuis des années car, même sans évènement sanitaire exceptionnel, la situation est déplorable. C’est le résultat de la fermeture de 100 000 lits en 20 ans, d’un recrutement au compte-gouttes, de départs continus de personnel parce que les salaires sont indignes et les conditions de travail de plus en plus insupportables.

Le gouvernement jure qu’il est prêt à rouvrir des lits, mais qu’il est impossible de former des infirmières en six mois. C'est déjà un mensonge par omission car le nombre de places dans les écoles d'infirmières n'a pas été augmenté depuis six mois. Et en six mois, on peut revaloriser les salaires pour stopper l’hémorragie de médecins et d’infirmières qui démissionnent de l’hôpital. On peut soulager leur charge de travail en renforçant la présence de personnel paramédical. Et en six mois il est possible de former des agents de services hospitaliers, des brancardiers et des personnels non médicaux qui manquent aussi cruellement. Et on peut commencer à former des milliers d’aides-soignantes.

Plus qu’une question de temps, c’est une question de choix politique. En quelques jours, le gouvernement a mis des centaines de milliards sur la table au service de grandes entreprises, sans aucune contrepartie. Pour l’hôpital, comme pour les Ehpad, comme pour toutes les dépenses utiles à la population mais non rentables, le gouvernement ne cesse de mégoter. C’est inacceptable.